Comme beaucoup d’autres institutions à travers le monde, Le Tanztheater Wupperthal, compagnie créée par Pina Bausch en 1976, met en ligne certaines pièces mythiques de son répertoire. En ce moment, Palermo, Palermo est à (re)découvrir.
Le printemps est bien là. Le soleil brille mais ce n’est pas une raison de relâcher son attention, son confinement. Il est tout à fait possible de s’échapper un temps de la réalité grâce à un voyage immobile à travers la toile. Le Tanztheater Wupperthal propose ainsi de découvrir Palerme vue par le regard acérée et extralucide de Pina Bausch.
Sidérante vision
Le fracas d’une société asphyxiée, le bruit d’une violence sauvage à peine rentrée, la Sicile, sa chaleur étouffante, sa folie, transpirent sur le plateau. Les cloches de la ville sonnent. Palerme est juste esquissée par des impressions, des mouvements, des corps contraints, des tableaux puissants – une femme lapidée à la tomate, un mur de parpaing qui s’écroule, un chien qui mange sa pâtée. Vêtements sombres, lunettes de soleil, tout y est. La vie à l’italienne, celle de cette île rocailleuse, vibre à travers les interprétations des danseurs.
Du grand Pina
Quelle Maîtrise, quel art ! Créée en 1989 après un voyage à Palerme, cette pièce de la chorégraphe allemande est empreinte de son essence, de sa manière unique de mettre les corps en mouvement, d’entremêler à la danse une théâtralité omniprésente. Deuxième œuvre de Pina Bausch inspirée par un lieu, Palermo, Palermo est à voir et revoir. C’est un classique à l’épure ahurissante, à l’esthétisme fascinant. Au-delà de l’intérêt historique et chorégraphique, on a plaisir à voir les jeunes années des interprètes emblématiques de la compagnie, comme Nazareth Panadero, Julie Ann Stanzak ou Dominique Mercy.
Même si l’on n’est pas enclin à se laisser porter par les captations, certaines valent le détour. Palermo, Palermo en fait indéniablement partie.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Palermo, Palermo de Pina Bausch
Tanztheater Wupperthal