Une autre voie théâtrale

Faute de pourvoir voir les spectacles, avec l'accord des artistes nous avons décidé de les imaginer.

A travers la France, les salles de spectacles ferment laissant comédiens et metteurs en scène désœuvrés. Comment montrer leur art sans pour autant désobéir aux directives départementales ? Roland Timsit et David Ajchenbaum ont imaginé une adaptation qui pourrait se jouer en appartement, celui de l’acteur. Une boutade facebookienne, qui ouvre tous les champs des possibles.

Paris se fige, Paris se confine. Quelque part dans un lieu tenu secret, un acteur se prépare. Il se maquille, se gargarise. La gorge est sèche, le trac monte. C’est jour de première. Il s’apprête à monter sur scène. Son salon réaménagé pour l’occasion. De public, il n’y en a pas. Les spectateurs ont eu comme consigne de rester chez eux, de se déplacer qu’en cas d’extrême urgence. Peu importe, Roland Timsit n’en a cure. Courageux comme la mère de son personnage, il a décidé, contre vents et marais, que le show doit continuer.

Un seul en salle

Seul sur les planches et dans la salle, Le comédien donne corps au récit très personnel de George Tabori. Il s’empare de ses mots et raconte la formidable histoire d’une femme, la mère de l’auteur. En 1944, alors qu’elle se rend chez sa sœur pour jouer au rami, elle est raflée par la police hongroise. Conduite à Auschwitz, elle ne doit son salut qu’à un incroyable concours de circonstances.

Une virtualité ciselée

S’appuyant sur la mise en scène ingénieuse de David Ajchenbaum, Roland Timsit recrée, grâce à différents micros et accessoires, les extraordinaires et ubuesques aventures de cette rescapée des camps de concentration. Suspens, malentendus, jeux de miroir, l’épopée est surréaliste parfois, touchante le plus souvent. Confrontant le texte du dramaturge, à la voix off d’une mère qui corrige sans cesse les envolées lyriques de son fils, on se laisse porter par le jeu vibrant de l’artiste.

Une autre fin

Comme on aurait aimé entendre les intonations du comédien, sa manière unique de dire le texte, de l’habité. Faute de pouvoir le jouer, il imagine, avec son metteur en scène, sur « facebook » un autre spectacle, une autre manière de lui donner vie. Avec Le Confinement de ma mère, il contourne les interdits avec humour. Alors chapeau les artistes et à bientôt dans les salles !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Le courage de ma mère de George Tabori
Théâtre de la Reine Blanche
Mise en scène de David Ajchenbaum
Avec Roland Timsit et Marion Loran (voix)

Crédit photos © Karine Letellier

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