A la tête du théâtre Jean Vilar de Suresnes, à quelques encablures de Paris, depuis 1990, Olivier Meyer, ancien producteur de spectacles, a su donner au lieu une identité forte. Après la création du célèbre festival de hip hop, Suresnes Cité Danse, qui a fait la renommée du lieu, il ambitionne d’élargir la scène. Neuf mois de travaux plus tard, la salle rouvre plus belle, plus grande, plus moderne.
Construit en 1938, au cœur de la Cité-jardin, à la demande du maire socialiste de l’époque, Henri Sellier, le théâtre Jean Vilar – espace Thomas – a toujours eu vocation de permettre aux Suresnois d’accéder facilement à des activités éducatives, populaires et culturelles. Confié à l’architecte Alexandre Maistrasse, le bâtiment est un pur produit Art Déco. En novembre 1951, Jean Vilar, qui donne son nom au lieu, y installe son théâtre populaire, avant de se délocaliser à Villeurbanne. Malgré quelques petits travaux de rénovation, quelques améliorations techniques, l’ensemble n’a été que peu retouché. Afin de diversifier l’offre, Olivier Meyer, en poste depuis 1990 a su convaincre Christian Dupuy, édile actuel de la ville de la nécessité d’agrandir l’ouverture du grand plateau. Retour sur une aventure folle.
Pourquoi ces travaux étaient nécessaires ?
Olivier Meyer : Dès ma nomination, j’ai eu la volonté d’ancrer ce théâtre dans une identité forte. C’est de ce goût prononcé pour l’art vivant, qu’a émergé l’idée en 1993, la première édition de Suresnes-Cité-Danse. C’était important de donner un lieu, un endroit à cette nouvelle forme de danse. Je souhaitais qu’on puisse voir dans ce lieu à l’histoire riche, le meilleur des danses de cité. Après 28 ans d’existence le bilan est très positif. La manifestation riche d’un grand nombre de productions a fait naître une nouvelle génération de chorégraphes comme Mourad Merzouki ou Amala Dianor. Mais voilà, le lieu avait besoin d’être rénové et surtout l’ouverture de scène de la grande salle d’être élargie, afin de recevoir certains ballets, certaines pièces. C’est pour cela que cette année, le festival a été délocalisé à Rueil-Malmaison. Cela n’a pas empêché une nouvelle fois que le succès soit au rendez-vous.
Une rénovation d’importance menée tambour battant ?
Olivier Meyer : Après plusieurs mois de prospections, de négociations, j’ai proposé au maire de Suresnes, qui a donné rapidement son accord, un projet qui permettait d’agrandir la largeur du plateau de huit mètres et de transformer le petit couloir d’arrière-scène en un vrai foyer pour les artistes. Grâce à l’architecte scénographe Igor Hilbert et l’aide précieuse de l’équipe technique, tout avait été savamment pensé pour permettre une fermeture éclair du bâtiment. La saison 2019 a été arrêtée en avril, avec l’idée d’une réouverture 2020. Les délais ont été tenus malgré l’amplitude des transformations, la destruction de deux murs porteurs et ça sans toucher au bâtiment extérieur.
Une réouverture en fanfare ?
Olivier Meyer : Et voilà, après 9 mois de travaux, plus de 50 ouvriers en action et un avis favorable de la commission de la sécurité, nous avons pu inaugurer la salle le 3 février dernier. Ce fut une belle soirée où j’ai pu remercier toutes les entreprises ayant participé à l’aventure en faisant monter sur scène les dirigeants, les artisans, les ouvriers. Quelques jours après nous ouvrions la saison avec une lecture de textes comme Le petit manifeste de Suresnes, écrit par Vilar ou un texte de Pierre Notte sur les spectateurs. Le tout était mis en scène par Benjamin Guillard. C’était vraiment intense.
Qu’ont coûté les travaux ?
Olivier Meyer : Pour réaménager l’espace, moderniser l’institution Suresnoise, il a fallu engager 4,2 millions d’euros. Ils ont été apportés à hauteur de 1,8 million par la ville, 1,7 million par le département des Hauts-de-Seine, et 700.000 euros par la région Ile-de-France.
Est-ce que cela va changer à terme la programmation ?
Olivier Meyer : L’ambition artistique reste la même. Nous allons surtout donner plus de possibilité à l’équipe technique. Tout a été rénové, informatisé. Clairement, cette ouverture qui est passé de 14, 5 mètres à 22 mètres, va nous permettre d’accueillir des productions plus importantes, comme notamment Les fourberies de Scapin de la Comédie Française, Un instant de Jean Bellorini, Une des dernières soirées de carnaval de Goldoni, mise en scène par Clément Hervieu-Léger, ou même les créations du ballet de l’Opéra de Lyon. Tout cela n’aurait pas été possible avant. C’est une nouvelle aventure qui commence. C’est un beau rêve qui se réalise.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian et Marie Gicquel
Théâtre de Suresnes Jean Vilar
16, place Stalingrad
92150 Suresnes
Crédit photos © Arnaud Kehon, © Baptiste Millot, © David Haffen et © Brigitte Enguerand