En quête éperdue de racines

A la Huchette, Marina Tomé plonge dans l'histoire de sa famille.

Explorant avec une douce folie ses souvenirs, ses manques, Marina Tomé signe un spectacle introspectif drôle et tendre sur ses racines polonaises et argentines. Malgré la mise en scène distante d’Anouche Setbon, la comédienne volubile parle joliment au cœur.

Fière comme Artaban, Marina Tomé s’avance sur la petite scène de la Huchette. Radieuse, elle met rapidement le public dans sa poche. Elle n’a pas son pareil pour attraper l’attention, faire rire d’une grimace, d’une pantomime. L’heure est grave. Elle emmène sa famille chez l’ostéo pour la réparer comme elle dit. Avant de se faire manipuler, la charmante gamine demande à sa mère de lui conter encore une fois l’histoire féminine de sa lignée. Commence alors un périple à travers le monde allant de la Pologne à la France passant par sa chère Argentine, terre d’exil pour fuir le nazisme, terre de ses racines. 

La légende familiale est belle. Toutes les femmes sont des volontaires, des féministes, des battantes. Elles offrent le meilleur à leurs filles, elles les arment pour un avenir toujours meilleur. L’arbre généalogique a de quoi faire rêver. Mais voilà, Marina doute. Elle ne sait vers où porter ses pas, son énergie. Un truc manque. Alors, elle consacre sa détermination à réparer ce corps blessé lors d’un accident de bicyclette, cette âme en berne. 

Une heure durant, on suit les méandres chaotiques de sa mémoire, de ses réflexions. On enquête avec elle sur les origines de son mal être. Est-ce l’accident ? Est-ce autre chose de plus profond, lié à son départ de l’Argentine à l’aube d’une ère dictatoriale ? Les différents « peutes » qui la suivent vont tenter de démêler les fils où les enchevêtrer un peu plus, c’est selon. 

La plume de Marina Tomé est ciselée, touchante même si parfois trop prolixe. Malgré des digressions comiques parfois intempestives, elle touche quand elle parle de l’exil, de racine, de terre d’accueil. Lumineuse, la comédienne prend plaisir à livrer une part d’elle-même, à dévoiler ses fêlures, ses blessures. Elle est vibrante, poignante, quand elle évoque cette douleur trop longtemps tue. 

Si la mise en scène d’Anouche Setbon préfère le recul, la distance à l’incarnation viscérale, Marina Tomé trouve son rythme, son propre langage. Et ce n’est pas si mal. 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


La lune en plein jour de Marina Tomé
Théâtre de la Huchette
23 rue de la Huchette
75005 Paris
Jusqu’au 6 avril 2020
Tous les lundis à 20h 
Durée 1h15


Mise en scène de Anouche Setbon
Avec Marina Tomé

Crédit photos © Ludo Leleu

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