Amos Gitaï ouvre les festivités au théâtre de la ville

Ambassadeur de la saison 19-20 du Théâtre de la Ville, Amos Gitaï parle de son pays avec lyrisme, mélancolie et poésie.

Réalisateur engagé, Amos Gitaï a été choisi par Emmanuel Demarcy-Motta pour être l’ambassadeur d’honneur de la saison 2019-2020 du théâtre de la ville. Conscient de donner le ton, une impulsion, il présente la version scénique de son dernier film Letter to a friend in Gaza, un message mélancolique, triste sur l’absurdité de la situation entre Israéliens et Palestiniens. 

La scène est plongée dans la pénombre. Une immense table barre le plateau. Dessus, quelques lampes, quelques papiers, des micros, sont disposés çà et là. Sur le mur du fond, des images sont projetées. Elles évoquent un événement de la bible, la prise sanglante de Jérusalem par les armées romaines de Titus. Une voix d’outre-tombe rompt le silence, celle si singulière, tellement envoûtante de Jeanne Moreau. Les mots s’égrènent, content la barbarie d’un autre temps, d’une autre époque. Le voyage dans le temps s’achève. Un clarinettiste déambule sur scène. La musique adoucit les mœurs. Pourtant rien n’a changé. La violence est toujours la prégnante, dans les faits, dans les gestes, dans les textes. 

L’un après l’autre, Makram Khoury, Yael Abecassis, Clara Khoury et Amos Gitaï prennent la parole, lisent des extraits d’œuvres littéraires en hébreux, en arabe, en anglais, en polonais. La poésie de Mahmoud Darwich, celle de Wisława Szymboska s’entremêle avec la prose d’Yzhak Smilansky ou d’Albert Camus. Les mélodies orientales, la musicalité des langues, invitent à un beau voyage, lancinant, au cœur du conflit israélo-palestinien et de son absurdité. 

Scènes de vie, de violence, visages en gros plan des comédiens, un ballet des ombres défilent devant les yeux émerveillés des spectateurs, une plongée mélancolique, lente vers un ailleurs. Ici, la terre est sacrée, ancrée dans les gènes. Une entente entre israéliens et palestiniens est rêvée, souhaitée, pure utopie. Un moment hors du temps, onirique, humain qui se prolonge sur les murs, dans les jardins de l’Espace Cardin, par l’exposition Champ de mémoire, qui dresse à travers les photos du réalisateur un portrait en creux de son œuvre, de son regard sur le monde, sur son pays. 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Letter to a friend in Gaza, un spectacle conçu par Amos Gitaï
Théâtre de la Ville – Espace Pierre Cardin 
2, rue Gabriel 
75008 Paris
Jusqu’au 7 septembre 2019
Durée 1h15


Mise en scène & scénographie d’Amos Gitaï assisté d’Ayda Melika 
Textes d’Amos Gitaï et Makram Khoury
Avec Makram Khoury, Clara Khoury, Yael Abecassis, Amos Gitaï & les musiciens Bruno Maurice, Vahid Mazdeh, Madeleine Pougatch, Louis Sclavis et Kioomars Musayyebi
musique d’Alex Claude
Lumières de Jean Kalman 
Costumes de Moïra Douguet

Crédit portrait © Laura Stevens / photos ©DR 

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