Déjouant la gravité, Yan Raballand signe, avec Ellipse, un corps à corps poétique, charnel entre le danseur Rémy Bénard et une roue Cyr. Un pas de deux hypnotique qui fait oublier la morosité du monde extérieur.
Une roue Cyr trône au centre de la scène. Elle semble suspendue dans les airs. Derrière elle, un homme, Rémy Bénard, l’observe, la jauge, espère la conquérir, l’apprivoiser. Côté cour, frottant l’archer sur les cordes de son violoncelle, Guillaume Bongiraud égrène des notes lentes, graves, qui rompent le silence. Commence alors une parade amoureuse, un jeu de séduction sensuel et aérien.
Attrapant la roue à pleines mains, l’artiste lui imprime un mouvement circulaire, oblique. Elle oscille, vacille, mais toujours se reprend. Telle une pièce de monnaie tournoyante, la roue Cyr ensorcelle, hypnotise le public. Veillant à ce que jamais, elle ne faiblisse, Rémy Bénard joue avec l’objet animé, il lui donne vie, la caresse, la secoue. Il entre, sort du cercle, s’y agrippe, virevolte avec elle, défiant les lois de la gravité. Tête en haut, en bas, il se laisse emporter par cette folle farandole, enchaînant à l’infini les combinaisons possibles de ce duo singulier.
Ciselant les gestes grâce à une écriture chorégraphique précise, minutieuse, Yan Raballand esquisse une danse rare, hors du temps. Épurant la grammaire, s’appuyant sur les codes circassiens, il abolit l’espace, en modifie les règles. L’effet est bluffant, magique.
Totalement conquis par cette performance à l’esthétisme rare, le public se laisse enivrer, envoûter par la beauté pure d’Ellipse,son lyrisme et salue comme il se doit ce moment unique où tous les soucis s’envolent, tous les tracas du quotidien s’effacent. En un mot, sublime !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Avignon
Ellipse d’Yan Raballand
Festival d’Avignon le OFF
Théâtre du Train bleu
40 rue Paul Saïn
84000 Avignon
Jusqu’au 23 juillet 2019
Durée 25 min
Chorégraphie d’Yan Raballand
Avec Rémy Bénard et au violoncelle Guillaume Bongiraud
Lumière de Thibaut Garnier
Costume de Marion Clément
Régie de Véra Martins
Crédit Photos © Jeanne Garraud