Un couple se déchire en santiags et escarpins léopard dans un motel du sud-ouest des Etats-Unis. Le théâtre Pixel d’Avignon propose la pièce Fool for love de Sam Shepard dans sa langue originale. Une longue dispute salvatrice, portée par des acteurs tenaces.
On savoure toujours la plume de l’auteur américain Sam Shepard : dynamique, efficace, fusante. Et ici encore plus, dans sa langue originale (sous-titrée en français), servant un couple en pleine explosion. Eddy (Olivier Raynal) chemise de western et éperons, débarque dans cette chambre de motel avec sa bouteille de Tequila – alerte spoiler : elle sera vide à la fin de la pièce. Il tente de reconquérir un amour de jeunesse, May (Julie Zeno), jeune femme passionnée et entière.
Soupçon de tromperie : les mains du beau brun au jeans troué sentent « la chatte friquée ». La colère monte, les rancoeurs et reproches envahissent le dialogue. Difficile de laisser le passé pénétré dans cette chambre de motel du bord de la route du désert de Mojave. Un vieux monsieur, assis dans sa chaise à bascule assiste aussi à la scène, il sirote sa flasque à alcool. Dans le coin de la scène, il intervient parfois. Serait-ce le cow-boy vieilli qui repense à son passé ? On est bien loin de la vérité…
Le jeu des acteurs est sincère, juste. Elle, bouillonne, invective, n’en démord pas (articule peut-être un tout petit peu trop…). Lui fanfaronne, taquine, se défend. Quant au spectateur, il assiste sans ennui au drame et se projette forcément dans cette histoire d’amour contrarié. Il mettra du temps à oublier ce huis clos à la fin détonnante.
Marie Gicquel – envoyée spéciale à Avignon
Fool for Love de Sam Shepard par la Compagnie du Vingt-Trois au Théâtre Pixel d’Avignon, 18 rue Guillaume Puy, 84000 Avignon. Festival d’Avignon le Off. Jusqu’au 28 juillet (relâches le 18 et 25) à 21h35. Durée 1h30.
Avec Olivier Raynal, Julie Zeno, Lee Michelsen, Dimitri Michelsen. Mise en scène : Danni- Lu Carr.
crédit photos © Cormac McElwain
