Romance d’antan

Au Studio Hébertot, Bérengère Dautun et Alexis Néret sont pleine romance.

L’amour n’a pas d’âge, transcende le quotidien, l’ordinaire. Subjugué par la grâce d’une grande dame de 70 ans, un jeune et fougueux médecin se mue en un chevalier servant d’un autre temps. Portée par cette histoire vraie, Bérengère Dautun, signe l’adaptation scénique et poétique, et brûle littéralement pour le bel Alexis Néret au Studio Hébertot. Un moment rare, hors du temps ! 

Trois pendrillons blancs tombent des cintres, délimitant l’espace sur lesquels des images défilent rappelant les escaliers de l’Opéra Garnier, les tableaux de Fragonard ou les paysages d’une escapade en province. Quelques chaises alignées suffisent à nous faire quitter le boulevard des Batignolles pour une loge de théâtre, une voiture, un restaurant ou le fameux canapé bleu où tous les rêves, toutes les folies sont permis.

Haute stature, dégaine de gentleman, d’agent secret, un grand et beau jeune homme apparaît. Vêtu un magnifique costume de gala. Un peu gauche, mais de belle allure, la démarche affable, de sa voix légèrement basse, Claude se remémore cette nuit de décembre 1982, où tout a basculé. Il a suffi d’un regard, d’une connivence pour que l’amour le foudroie. Peu habitué aux mondanités, ce jeune médecin n’a d’yeux, ce soir-là, que pour une grande dame un brin revêche, mais d’une grâce infinie. Elle a un certain âge, plus de 30 ans que lui. Port altier, toute vêtue de noir, elle est la Danse. Plus exactement, Gilberte Cornan est la journaliste-critique la plus redoutée de tout Paris. Elle sait tout, elle connaît tout. Le coup de foudre est réciproque. 

À côté de cette femme d’exception toute menue, mais au caractère de fer, il s’épanouit, vit, se laisse emporter par la passion. Conquise par la personnalité du jeune et brillant médecin, elle cède à son inclinaison, se consume à ses côtés dans de délicieux et exquis apartés. Rien ne sera simple entre eux, mais l’amour, resté secret jusqu’à la fin, l’emportera toujours. Les colères, les caprices, le cancer, l’absence, rien n’y fera. Ces deux âmes sont faites l’une pour l’autre. 

Malgré le chagrin, la mort loin de lui de Gilberte en 2005, Claude-Alain Planchon redonne vie à cette femme unique, celle qu’il a tant chérie, dans un roman nourri de leur correspondance. Leur différence d’âge n’a jamais été un frein, bien au contraire. Il a été le ciment d’un amour véritable, pur, sans tâche. Adaptant à la scène cette histoire hors du commun, Bérengère Dautun esquisse avec délicatesse une union aux charmes surannés, aux odeurs de violettes, celle de La dame céleste et du diable délicat, que souligne habilement la mise en scène sobre de Stéphane Cottin

Face à face, Alexis Néret et Bérengère Dautun sont Claude et Gilberte. Sans chichi, sans emphase, ils ne sont que passion, amour et tendresse. C’est doux, c’est gracieux, c’est la vie sans contraintes, au-delà des petitesses du monde, des banalités.

 Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


La dame céleste et le diable délicat d’après le roman de Claude-Alain Planchon
Studio Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris
Jusqu’au 23 juin 2019 
Du jeudi au samedi 19h00 et dimanche à 17h00
Durée 55 min environ 


Adaptation de Bérengère Dautun
Mise en scène de Stéphane Cottin
Avec Bérengère Dautun et Alexis Néret

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