En 2011, la comédienne croise la route d’une femme étrange. Elle a tout d’une SDF. En 2013, on a assassiné trois femmes kurdes à Paris. Elle reconnaît un des visages et comprend que celle qu’elle avait prise pour une clocharde était en réalité Une légende à la rue.
L’histoire est étonnante. Florence Huige, comme beaucoup d’entre nous, n’a pas fait cas de cette femme aux cheveux orange, tenant contre elle des sacs en plastique. Mais Samia, l’amie qui l’accompagnait ce jour-là, ayant cette fâcheuse et néanmoins bonne habitude de s’occuper des autres, se propose de l’aider. L’étrange femme refuse d’abord. Pas toujours cohérente, elle dit s’appeler Sara et être menacée de mort. La première partie du spectacle est particulièrement réussie. La comédienne, au jeu ardent, nous amène à regarder comme dans un miroir nos préjugés et nos actes.
La seconde partie est l’enquête personnelle que Florence Huige a menée sur cette femme, qui était en réalité Sakine Cansiz, une légende de la résistance Kurde. Si l’on perd l’intensité émotionnelle exploitée dans la première partie, les doutes existentiels de la comédienne, la géopolitique et l’histoire prennent le pas sur le drame de ce peuple et nous obligent au devoir de mémoire. Mis en scène dans une belle harmonie de couleurs, ce spectacle bouleverse et réveille nos consciences d’Occidentaux nantis.
Marie-Céline Nivière
Une légende à la rue, texte et interprétation Florence Huige
Essaïon
6 rue Pierre au lard
75004 Paris.
Jusqu’au 30 avril 2025
durée 1h25.
Mise en scène : Morgane Lombard et Florence Huige
Musique : Issa Hassan
Scénographie : Charlotte Villermet
Lumières : Maurice Fouilhet
Costumes : Dominique Rocher
Création sonore : Florence Lavallée et Rana Eid.