Lopakhine danse à Paris de Liza Machover et Julien Moreau © Adèle Le Menelec-Robert
© Adèle Le Menelec-Robert

Lopakhine danse à Paris : Deux artistes en quête de sens

Dans le cadre de la Saison Prémisses, dédiée à l'émergence à l’Athénée, Julien Moreau et Liza Machover cherchent, à travers le souvenir de leur premier émoi artistique, à ranimer le feu sacré qui nourrit leur désir de création.

Seul sur scène, Julien Moreau (L’Île aux pères, Nickel) évoque son enfance en Mayenne, un département qui compte plus de vaches que d’habitants. De sa ville natale, près de Laval, il convoque les souvenirs de sa famille, de ses amis, de l’usine où ont travaillé ses grands-parents, ses parents, ses oncles et tantes, parfois toute une vie. Bien que beaucoup le considèrent comme la relève, l’adolescent qu’il était, nourrissait d’autres aspirations. Une séquence de la Star Ac’ va lui ouvrir les portes d’un univers jusqu’alors inimaginable, celui de l’art vivant.

Lopakhine danse à Paris de Liza Machover et Julien Moreau © Philippe Leroy
© Philippe Leroy

Un danseur, allongé sur le ventre, se meut tel une vague. Fasciné par la fluidité du geste, le jeune Julien passe tout un été à tenter de reproduire le mouvement à l’identique, quitte à se blesser au menton, aux genoux, aux mains. Il sera artiste. Il part alors en quête d’une formation pour faire de cette passion un métier. Danseur d’abord, il devient ensuite comédien.

Liza Machover, elle, vient du Sud. Étrangère au milieu artistique comme lui, elle doit sa vocation à un déclic : une performance, une révélation. C’est en voyant un comédien jouer Lopakhine dans La Cerisaie de Tchekhov que la flamme s’allume en elle — d’abord dans le cœur, puis dans l’âme.

Mais les rêves sont faits de désillusions. À trente ans, l’heure d’un premier bilan sonne : la flamme est toujours là, mais pas aussi vive qu’espérée. Comment la raviver ? C’est toute la question de cet impromptu autobiographique initié par Liza Machover et habité par Julien Moreau.

L’idée, qui rappelle le travail de Marylou Aussilloux et Théo Askolovitch sur Maria Schneider, n’a certes rien de révolutionnaire, mais elle touche à un lieu rare de sincérité et de sensibilité — une foi presque obstinée en un métier de plus en plus précarisé.

Lopakhine danse à Paris de Liza Machover et Julien Moreau © Philippe Leroy
© Philippe Leroy

S’appuyant sur des vidéos d’archives, des souvenirs, et leurs fantasmes, Lopakhine danse à Paris est une plongée dans l’intime, une tentative de réinventer leur désir. Le spectacle pêche parfois par excès d’anecdotique ou par un manque de dramaturgie resserrée et le texte ne se hisse pas toujours à la hauteur des enjeux posés. Néanmoins, Julien Moreau, par sa présence lumineuse et son talent de danseur, capte l’attention du public et l’embarque dans son monde. Brisant le quatrième mur, il s’adresse aux spectateurs comme à des amis de toujours.

C’est d’ailleurs là que réside la plus grande force de cette œuvre bancale. Complices ou comparses, tous à l’unisson, en ces temps incertains où les coupes budgétaires et la crise du secteur frappent fort, elle nous fait célébrer ensemble — sur le fil — la beauté du spectacle vivant. 


Lopakhine danse à Paris de Liza Machover & Julien Moreau
Athénée – Théâtre Louis Jouvet
2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet
75009 Paris
3 au 13 avril 2025
durée 1h15 environ 

Conception & mise en scène de Liza Machover
Collaboration artistique, jeu & chorégraphies – Julien Moreau

Création sonore et régie de Benjamin Möller
Dramaturgie de Liza Machover & Carolina Rebolledo-Vera
Création lumières de Paul Argis
Reprise lumières – Maureen Sizun Vom Dorp
Regard Chorégraphique – Jann Gallois
Décors de Florian Bessin
Vidéaste d’Alex Mesnil

Lopakhine danse à Paris de Liza Machover et Julien Moreau © Athénée – Théâtre Louis Jouvet

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