Qui n’a pas frémi d’horreur à la lecture de Vipère au poing, où une mère se montre si cruelle envers ses enfants ? C’est par ce roman poignant et autobiographique qu’Hervé Bazin a connu la renommée. Sa mère lui aura apporté une fois dans sa vie quelque chose de positif. « Merci ma mère. Je suis celui qui marche, une vipère au poing. »
Alice Saprich à la télévision et Catherine Frot au cinéma ont incarné Folcoche, cette marâtre haineuse, avec grand talent. Dans cette famille très Ancien Régime, on se tient aux vieilles traditions. Les garçons élevés à la dure doivent recevoir une éducation stricte. Entre un père mollasson et faible, des percepteurs religieux qui préfèrent fermer les yeux ou fuir, les enfants Rezeau ne rigolent pas. Au nom de la bien-pensance chrétienne, aucun abaissement, aucune vexation ne leur sont épargnés. Un seul tient tête au despotisme maternel, Jean, surnommé Brasse Bouillon. Le fils déclare la guerre à sa mère. La bataille sera terrible car « La haine est un levier plus puissant que l’amour ». Il en sort gagnant à l’adolescence. Mais sa perception des sentiments en sera marquée pour longtemps.
La scénographie représente une salle d’étude, avec des tableaux noirs. En jouant avec des jeux de lumière et les mouvements des éléments du décor, la metteuse en scène Victoria Ribeiro insuffle une dynamique formidable. Avec une grande intensité de jeu, Aurélien Houver déploie le récit. Passant avec une remarquable précision de Jean aux autres personnages du roman, il captive l’auditoire.
Marie-Céline Nivière
Vipère au poing, d’Hervé Bazin (éditions Grasset)
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris.
Du 19 mars au 25 mai 2025
durée 1h15.
Adaptation : Compagnie du Taxaudier
Mise en scène : Victoria Ribeiro
Avec : Aurélien Houver
Lumières : Idalio Guerreiro
Costumes : Corinne Rossi
Décor : Antoine Milian.