Éric Wiener a écrit tout spécialement ce texte pour Mouss Zouheyri dont le personnage, Rachid, un simple comédien qui a eu son heure de gloire, ressemblerait à s’y méprendre à son interprète. Ensemble, ils signent un spectacle dans lequel le fantastique vient titiller la réalité, comme dans une nouvelle du K de Buzzati.
Rachid est de retour au Maroc, sa terre natale. Il vient d’enterrer sa mère auprès du père décédé depuis longtemps. Pris dans un élan nostalgique, il monte dans une barque pour retrouver le goût des doux moments de son enfance, quand il partait en mer pêcher avec son paternel. Tout à coup, une voix sortie de nulle part, celle enregistrée de Patrick Sabourin, se fait entendre. Elle se présente comme celle d’un migrant qui a péri avec d’autres, à l’endroit où il vient de s’ancrer. S’engage alors un dialogue. S’il porte d’abord sur l’état du monde, petit à petit, il se fait plus intime. Face à son destin, c’est l’histoire de Rachid, l’immigré devenu comédien pour se jouer de la vie et qui n’a plus envie d’en rire.
Il n’y a rien de manichéen dans cette très belle réflexion sur ce que l’on fait de sa vie. Tel le ressac, le poids du passé, les rêves et les espoirs se fracassent souvent sur les rivages du quotidien. Il faut faire face aux tempêtes du monde. Sur la scène, il y a juste une barque. Elle fait songer à ces bateaux de papier que l’on construit, enfant. Le jeu des lumières nous entraîne sous le soleil de la Méditerranée. Dans un jeu intense, plein d’humanité, Mouss Zouheyri nous embarque dans son monde intérieur qui résonne en écho du nôtre.
Marie-Céline Nivière
Un simple comédien d’Éric Wiener
Théâtre de Nesle
8 rue de Nesle
75006 Paris.
Jusqu’au 12 avril 2024
durée 1h10.
Mise en scène et interprétation Mouss Zouheyri.
Avec la voix de Patrick Sabourin
