Le Château des Carpathes d'après Jules Verne, Mise en scène d'Émilie Capliez © Simon Gosselin
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Le Château des Carpathes : Au coeur du roman noir 

Dans un conte musical tissé d’entrelacs de récits tantôt narratifs, tantôt fantastiques, Émilie Capliez, avec la complicité d’Airelle Besson, donne corps à l’œuvre de Jules Verne et lui insuffle une belle vitalité romanesque.

Au loin, une silhouette de château hanté se dessine dans les vapeurs d’une brume épaisse. Surplombant un petit village de Transylvanie, il étend son ombre inquiétante sur toute une vallée. Les habitants vivaient plutôt tranquillement jusqu’au jour où une fumée s’échappe d’un des donjons, pourtant inhabité depuis longtemps. Toutes les superstitions enfouies ressurgissent. Est-ce un démon ? Un vampire ? Quelques monstres sortis des enfers ?

Le Château des Carpathes d'après Jules Verne, Mise en scène d'Émilie Capliez © Simon Gosselin
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Courageux, mais pas tous téméraires, trois villageois décident d’aller jeter un coup d’œil. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises. D’autant qu’au même moment, alors que depuis bien longtemps aucun étranger ne s’était aventuré dans le coin, un fringant comte roumain (François Charron) et son acolyte (Rayan Ouertani) débarquent de nulle part. De là à imaginer le pire, il n’y a qu’un pas. Mais plus étrange encore, c’est l’histoire que va leur conter le jeune homme.

Ayant perdu ses parents, il quitte à tout juste vingt ans la demeure familiale pour voyager à travers l’Europe. L’Italie, et Naples tout particulièrement, sera sa première et seule escale. Passionné d’art, il s’enivre d’architecture et de peinture. La voix envoûtante d’une belle cantatrice (Emma Liégeois) achèvera de le foudroyer d’amour. Le chant et la musique deviennent alors le centre névralgique de sa vie.

Malheureusement pour lui, La Stilla a de nombreux admirateurs, dont un bien singulier personnage : un aristocrate transylvanien (Jean-Baptiste Verquin), aux faux airs de comte Dracula. Les pièces du puzzle se mettent imperceptiblement en place. Pas si vite… L’homme au catogan gris ne cherche pas à approcher la diva – du moins la femme – mais sa présence à tous ses concerts pèse sur la jeune femme, au point qu’elle envisage d’arrêter sa carrière. Le drame pointe. La mort s’invite dans l’équation. Et pourtant, d’étranges manigances, peut-être même un soupçon de magie scientifique, vont permettre d’en mystifier la fatale destinée. Réalité ou fiction ? Tout ici n’est peut-être qu’illusion…

Le Château des Carpathes d'après Jules Verne, Mise en scène d'Émilie Capliez © Simon Gosselin
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Passionnée de roman gothique, Émilie Capliez prend un malin plaisir à plonger dans l’œuvre de Jules Verne et à en questionner l’héritage. Jouant avec les codes du genre, elle donne corps à la fable avec l’aide de la compositrice Airelle Besson. Les mots se mêlent aux notes. Soutenue par la narration vivante de Fatou Malsert, les récits se croisent pour mieux se combiner et entraîner le spectateur dans les folles aventures des différents protagonistes de cette histoire à tiroirs où le fantastique flirte en permanence avec le romanesque.

Dans un décor sur deux niveaux, les trois musiciens – excellents – et les comédiens se croisent et conjuguent leurs talents pour que le texte de Jules Verne, librement adapté par la metteuse en scène, prenne vie. S’appuyant autant sur la vidéo et le son que sur la machinerie du théâtre, elle mène l’intrigue tambour battant. Bien que la tragédie domine, elle n’hésite pas à décaler le propos pour apporter une jolie touche de fantaisie – le final, façon Les Cinq Dernières Minutes de Maigret, en est un des exemples les plus frappants.

Totalement happé par le récit, le public se laisse entraîner dans l’univers du romancier, dont l’imaginaire scientifique avant-gardiste fascine toujours autant. Drôle, touchant, troublant… Que l’on soit petit ou grand, ce Château des Carpathes se savoure de la première à la dernière minute. Captivant !


Le Château des Carpathes d’après Jules Verne
Comédie de Colmar
6 route d’Ingersheim
68000 Colmar
Du 27 février au 8 mars 2025
Durée estimée 1h30

Tournée
8 au 7 avril 2025 au TNP – Théâtre national populaire à Villeurbanne

25 et  26 mars 2025 à la Comédie de Valence – CDN Drôme-Ardèche (26)
02 au 04 avril 2025 à l’ Opéra-Théâtre de Saint-Étienne, en collaboration avec La Comédie de Saint-Étienne – CDN (42)
08 au 17 avril 2025 au Théâtre National Populaire de Villeurbanne (69)
06 et  07 mai 2025 à l’Opéra de Dijon (21)
15  et 16 mai 2025 à Bonlieu – Scène nationale Annecy (74)

Mise en scène d’Émilie Capliez
Avec François Charron*, Emma Liégeois, Fatou Malsert, Rayan Ouertani*, Jean-Baptiste Verquin, Julien Lallier (piano), Adèle Viret (violoncelle), Oscar Viret (trompette)
Composition musicale d’Airelle Besson
Adaptation d’Émilie Capliez en collaboration avec Agathe Peyrard
Scénographie d’Alban Ho Van
Lumière de Kelig Le Bars
Vidéo de Pierre Martin Oriol
Création son d’Hugo Hamman
Costumes de Pauline Kieffer
Dramaturgie musicale et assistanat à la mise en scène – Solène Souriau

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