Pour faire un bon pastiche, il faut une bonne dose d’humour, un brin de respect, un soupçon de folie et arroser le tout de talent. Servi à bonne température, ce dernier se consomme sans modération. On peut donc resservir cette Valse des pingouins qui ne provoque qu’une joyeuse ivresse, celle du rire.
Youpi, on refait la fête

Patrick Haudecoeur est un expert en la matière. La liste de ses succès est longue : Thé à la menthe ou t’es citron, Frou-Frou les bains, Silence, on tourne, Berlin Berlin et Mon jour de Chance. Dans l’esprit de sa première œuvre cultissime, cette Valse des Pingouins est un divertissement « branquignolesque » voire « Hellzapoppinesque ». Ce qui signifie que les dérapages et les rebondissements ne vont pas manquer. Laissons-nous emporter par la folie ambiante.
Haudecœur a placé l’intrigue de son spectacle dans le salon bourgeois d’une villa de province d’un chef d’entreprise dans la chaussure. Et c’est bien connu que « pour bien réussir dans la chaussure… » il ne faut pas lésiner sur les moyens pour séduire un investisseur potentiel. La soirée devait être magnifique : smokings, robes de soirée, personnel de choix, artistes de music-hall, champagne à flot et feu d’artifice en bouquet final. Et la soirée va déraper, sombrant même dans un délire où tout ira de travers.
Les quiproquos valsent avec les effets comiques. Entre deux répliques se glissent une chanson et un pas de danse qui tombent bien mieux qu’un cheveu sur la soupe. Décor, costumes et tonalité sont d’un kitsch délectable ! Tout cela est orchestré avec maestria par l’auteur.
Une troupe endiablée
Le temps semble n’avoir aucune prise sur Patrick Haudecœur qui promène avec toujours autant de virtuosité son air de parfait abruti. Entre tendresse et maladresse, ce grand clown est sublime. Isabelle Spade, toujours aussi Sainte-Chérie, est épatante en bourgeoise fofolle. Urbain Cancelier est parfait en chef de famille et d’entreprise, dépassé par l’ampleur des dégâts. Dans le personnage de la fille de la maison, accablée d’un défaut de langage et d’une robe abat-jour, Élisa Habibi est étonnante. Ce rôle magnifique avait permis de révéler Sarah Giraudeau, gageons qu’il lui porte autant bonheur. Philippe Beglia, très Jacques Chazot, est impayable en Comte courant après sa tranquillité ! Guillaume Laffly est inénarrable en valet blasé. Marina Pangos et Antonio Macipe forment un duo de choc à couteaux tirés. Patricia Grégoire, qui ne craint pas les singeries, excelle en extra de dernière minute. Ils mènent rondement cette valse du bonheur.
Marie-Céline Nivière
La Valse des pingouins, texte et mise en scène Patrick Haudecœur
Théâtre des Nouveautés
24 bd Poissonnière
75009 Paris.
Jusqu’au 29 juin 2025
durée 1h30.
D’après la mise en scène de Jacques Décombe
Avec Patrick Haudecœur, Philippe Beglia, Urbain Cancelier, Isabelle Spade, Élisa Habibi, Marina Pangos puis Véronique Hatat, Antonio Macipe, Patricia Grégoire, Guillaume Laffly.
Musiciens Robert Ménière en alternance avec Éric Langlois, Éric Bouvelle en alternance avec Nicolas Rapicault
Assistante à la mise en scène Lou Pantchenko
Décors de Stéfanie Jarre
Costumes d’Alain Blanchot
Lumières de Laurent Béal
Directeur musical de Vincent Prezioso
Chorégraphe de Patricia Grégoire
Accessoiriste Christophe Guillaumin.