Jean-Paul Perez - Festival Marto © DR
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Jean-Paul Perez : « On ne s’interdit rien à Marto ! »

La 25e édition du festival Marto propose du 7 au 26 mars, sur neuf lieux partenaires des Hauts-de-Seine, treize spectacles et deux expositions. Son Président, depuis 2019, évoque les particularités de ce rendez-vous incontournable depuis 1999 des arts de la marionnette et du théâtre d’objets.

C’est au Café Marco en face de la gare Saint-Lazare, que nous rencontrons Jean-Paul Perez, le Président de l’association du Festival Marto. Dès le début de l’entretien, il précise qu’il est un « Président récent ». En 2019, alors qu’elle venait de prendre la direction du Théâtre 71, Armelle Vernier, lui propose de reprendre la Présidence de l’Association qui gère le Festival. « J’étais alors un tout jeune retraité de l’ONDA » (Office National de Diffusion Artistique), où il avait été durant des années conseiller en charge du théâtre, du cirque et de la marionnette.

Insomniaques - Cie Avant l'Averse - Lou Simon © Romain le Gall Brachet
« Insomniaques » de Cie Avant l’Averse – Lou Simon© Romain le Gall Brachet

Bien qu’il ne se considère pas comme un « spécialiste » à l’origine, son expertise du réseau et du terrain l’amène à accepter la mission de redynamiser le festival et de « le remettre dans les réseaux. » Il connaît d’ailleurs bien Marto, l’ayant fréquenté dès sa création en tant que professionnel.

L’un des aspects distinctifs de Marto est son ancrage territorial dans les Hauts-de-Seine (92). « À l’origine, il y avait trois structures, Malakoff, Fontenay-aux-Roses et Clamart. L’impulsion est venue du Théâtre 71 alors dirigé par Pierre Ascaride. Depuis, d’autres lieux se sont greffés et d’autres sont partis. » Aujourd’hui, le festival compte parmi ses partenaires le Théâtre des Sources, l’Azimut, le Théâtre de Châtillon, le Théâtre Victor Hugo, le Théâtre 71, la scène nationale des Gémeaux, mais aussi l’Université de Paris Nanterre, la direction du développement culturel de la ville de Nanterre et Le Temps des Cerises à Issy-les-Moulineaux.

Le festival ne repose pas sur une direction artistique unique : « Chaque structure propose des projets, en fonction de sa propre identité. L’Azimut, par exemple, a une affinité avec le cirque, tandis que Le Temps des Cerises s’oriente davantage vers le très jeune public. On discute des choix, on les organise ensemble. » Une manière de programmer qui permet une grande diversité et une approche hybride de la marionnette et du théâtre d’objet.

© Simon Gosselin
« Le Ring de Katharsy » d’Alice Laloy © Simon Gosselin

Chaque année, Marto met en avant une coproduction pour accompagner une jeune compagnie. En 2024, c’est Insomniaque de la compagnie Avant l’Averse qui a bénéficié de ce soutien. « Le travail de Lou Simon correspond parfaitement à ce que nous recherchons. » Le spectacle sera joué à la salle Koltès de l’université de Nanterre et au Théâtre de Châtillon.

En un quart de siècle ans, les arts de la marionnette ont acquis une reconnaissance institutionnelle, longtemps restée hors de portée. « Aujourd’hui, sept Centres Nationaux de la Marionnette (CNMA) sont labellisés par le ministère de la Culture, dont le Mouffetard à Paris. » Comme le cirque contemporain, qui s’est structuré avec l’apparition des écoles nationales et des labels « Pôle cirque », la marionnette trace aussi une nouvelle voie. « Les circassiens se tournent de plus en plus vers la parole, tandis que la marionnette et le théâtre d’objet, historiquement proches du texte, tendent vers les arts plastiques. »

La Conférence des Oiseaux des Frères Forman © Irena Vodáková
La Conférence des Oiseaux des Frères Forman © Irena Vodáková

Cette évolution se reflète dans la programmation de Marto à travers des petites formes pour petits et grands comme Antichambre de la Cie Stereoptik, Lou (hou) p de la Cie Najico, Poli Dégaine de la Cie La Pendue, Zébro de la Cie Zapoï, Miss Mandrilla de la Cie Les bruits de la nuit, Tricyckle du québécois Jacob Brindamour, Pantoufle au cœur de Damien Bouvet, Plan B de la Cie Camille Geoffrion ; et surtout avec les grandes formes, comme précédemment Une maison de Poupée d’Yngvild Aspel, ou Le Ring de Katharsy d’Alice Laloy, joué au Théâtre 71. Autres temps forts : Anatomie du Désir de Boris Gibé et La Conférence des oiseaux des frères Forman, deux spectacles accueillis par L’Azimut. « Le festival Marto est une sorte de kaléidoscope qui rayonne le temps d’un instant sur un territoire. »

Jean-Paul Perez insiste sur la diversité de la programmation : « On ne s’interdit rien ! Cette année, on pourra voir un Richard III, mis en scène par Yoan Pencolé, avec Antonin Lebrun au jeu et à la manipulation. L’installation de Cécile Léna, Poste restante, escales sur la ligne aux Gémeaux et l’exposition Le petit monde d’Émilie Vast au Temps des cerises. »

Interrogé sur ses plus grands coups de cœur, Jean-Paul Perez cite deux spectacles de la compagnie néerlandaise Hôtel Modern, Une grande guerre qui n’en finit pas sur la Première Guerre mondiale et KAMP sur Auschwitz. Il évoque aussi les débuts des Anges au Plafond et Pinocchio (live) d’Alice Laloy comme des propositions audacieuses et novatrices. Il évoque aussi les débuts des Anges au Plafond et Pinocchio (live) d’Alice Laloy comme des propositions audacieuses et novatrices.

Avec une telle richesse artistique, les arts de la marionnette et du théâtre d’objet n’ont pas fini de surprendre, d’étonner et d’émouvoir.


25e édition du Festival Marto
Du 7 au 26 mars 2025

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