Dans cette forêt, il y a deux petits chaperons rouges. Enfin, plutôt roses pâles, dont la cape dissimule deux uniformes aussi blancs qu’une tenue d’hôpital. Pourtant, ni grand méchant loup ni inquiétantes infirmières à l’horizon, seulement deux sœurs (Dea Liane et Pauline Parigot) en promenade. Dans quelques heures, la cadette quittera le foyer pour poursuivre ses études dans la grande ville la plus proche. L’aînée, elle, ressemble à sa mère : elle n’a pas étudié, encore moins quitté le nid. Cette balade bucolique, dans un décor immaculé aux formes géométriques étranges, devient rapidement un prétexte à un règlement de comptes. Dehors, la pluie commence à tomber. L’eau monte, et les voilà piégées dans une grotte… blanche, évidemment.
Le texte brillant et précis de la dramaturge Penda Diouf — dont les spectacles Pistes… , La Grande Ourse et Gorgée d’eau tournent cette saison —, explore avec finesse la complexité des liens sorores et notamment cet entrelancement d’affection et de rivalité permanente. La mise en scène de Silvia Costa, elle, perd le spectateur. En dépit du talent des deux interprètes, toutes deux habitées par la poésie de ce conte revisité, le face-à-face entre les deux sœurs tourne en rond. Comme s’il n’avait rien à montrer. Pourtant le ballet quasi chorégraphiques des deux interprètes portées par l’ambiance sonores de Sandro Mussida insufflent à l’ensemble une belle et froide esthétique. Malheureusement très démonstratif, trop sans doute, le geste de l’artiste italienne achoppe à force de souligner jusqu’à l’excès chaque action. Les images sont belles, mais ont tendance à laisser le public à distance…Dommage !
Emma Poesy
Sœur.s, nos forêts aussi ont des épines de Penda Diouf
présenté à La Comédie itinérante, au Théâtre Varia, Bruxelles (BE) et à la MC93, Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis en partenariat avec le Théâtre Nanterre-Amandiers, du 5 au 15 février 2025.
Mise en scène, conception, scénographie, costumes de Silvia Costa
Avec Dea Liane, Pauline Parigot
Lumière de Marco Giusti
Composition originale: Sandro Mussida
Collaboration à la mise en scène: Luna Scolari
Collaboration à la scénographie: Michele Taborelli
Réalisation costumes: Barbara Mornet
Programmation et mixage musical; violoncelle et piano: Sandro Mussida
Timbales, grosse caisse, marimba, vibraphone, crotale: Elio Marchesini
Construction décor: Atelier décor Act’
Texte publié aux Solitaires Intempestifs (2024)