La scénographie met en avant une villa antique, avec son bassin, son banc de pierre. Drapé dans un costume inspiré d’un himation grec, le comédien Jean-Paul Bordes s’installe. La mise en scène, de toute beauté de Renaud Meyer (Le Syndrome de l’oiseau) rappelle la force du roman. Car, avec Les mémoires d’Hadrien, l’Académicienne a « refait du dedans ce que les archéologues du XIXe siècle ont fait du dehors ».
Vieux et malade, Hadrien revient sur son parcours, ses actions et ses succès. Ce lettré, poète et philosophe, pouvant se montrer cruel, a toujours préféré la paix à la guerre. S’attachant à structurer l’Empire romain et à encourager la culture, l’Empereur a passé plus de temps sur les routes qu’à Rome. Laissant la carapace se fendre, le vieillard évoque aussi son enfance et sa passion pour le beau bithynien, Antinoüs, mort trop jeune.
La construction et la déconstruction de l’Empire romain, mais aussi celle d’un homme tiraillé, sont au cœur du propos. Grâce à la magnifique toile de Marguerite Danguy des Déserts, le metteur en scène nous embarque dans ces contrées lointaines. Les titres des chapitres sont susurrés. Jouant des tonalités de sa voix, Jean-Paul Bordes (Michel Ange…, Comme il vous plaira) laisse éclater son immense talent. L’agonisant Hadrien reprend la vigueur des conquérants, se débat contre les regrets, la peur de la mort et retrouve son humanité. Du grand art !
Marie-Céline Nivière
Les mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar
Poche Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Jusqu’au 4 mai 2025.
Durée 1h10.
Mise en scène et adaptation Renaud Meyer
Avec Jean-Paul Bordes
Lumière de Jean-Pascal Pracht
Création sonore de Bernard Vallery
Scénographie de Marguerite Danguy des Déserts
Costume de Mine Vrergès.
