Le dramaturge savait croquer la fin du XIXe siècle et sa bourgeoisie. Il a compris que « Cet animal (le bourgeois) offre des ressources sans nombre à qui sait les voir, il est inépuisable. » Son Voyage de Monsieur Perrichon, qui relate l’ascension d’un homme vers la reconnaissance, n’a pas pris une ride.
Perrichon (merveilleux Cédric Colas) est un commerçant aisé. Pour la première fois de sa vie, il décide de partir en vacances. Bien évidemment, sa femme (admirable Emmanuelle Galabru) et sa fille (formidable Messaline Paillet) sont du voyage, ainsi que bien d’autres (épatant Guillaume Veyre). Ce seront les Alpes, Chamonix, la mer de Glace, via la Suisse ! Rejoints à la gare de Lyon, par un « quel heureux hasard » par deux jeunes gens : Daniel et Armand (savoureux Arthur Guézennec et Hugo Givort). Pour obtenir les faveurs de Mademoiselle Perrichon, ils vont rivaliser de subterfuges. L’un sauvera le père, l’autre sera sauvé par celui-ci. Qui a gagné ? Quitte à faire un pléonasme, ce n’est pas gagné, car il faut compter sur l’ego paternel.
Cette comédie est un classique un peu tombé dans l’oubli. Frédérique Lazarini a réussi le tour de force de lui rendre toute sa place. La metteuse en scène a l’art et la manière de redonner des couleurs aux pièces du répertoire, Le Cid de Corneille, La Mégère apprivoisée de Shakespeare, mais aussi Un visiteur inattendu d’Agatha Christie. Elle a colorisé Labiche comme une grande bande dessinée. La scénographie de François Cabanat, les images vidéo d’Hugo Givort, les costumes de Dominique Bourde et, car c’est aussi un musical, les compositions de François Peyrony contribuent à la magie de ce spectacle. Le divertissement, mené par une troupe brillante, trouve ici toute son intelligence pour nous faire passer une délicieuse soirée. Et c’est toujours bon à prendre !
Marie-Céline Nivière
Le voyage de Monsieur Perrichon d’Eugène Labiche.
Artistic Athévains
45 bis rue Richard Lenoir
75011 Paris.
Du 30 janvier au 3 mars 2025
Durée 1h30
Mise en scène Frédérique Lazarini
avec Cédric Colas, Emmanuelle Galabru, Hugo Givort, Arthur Guézennec, Messaline Paillet, Guillaume Veyre
Scénographie de François Cabanat
Costumes de Dominique Bourde
Lumières de Xavier Lazarini
Musique et son de François Peyrony
Effets vidéo de Hugo Givort
assistante à la mise en scène Lydia Nicaud