Apprivoiser le noir. Cette brève antichambre permet de se mettre en condition d’accueillir un spectacle. Les lumières s’éteignent et un nouveau monde s’ouvre. Dans Le Murmure des songes, ce moment de bascule s’apparente à celui qui précède le sommeil. Animé d’une nostalgie ludique, Kader Attou choisit de nous entraîner dans sa chambre d’enfance, celle où son imagination débordante se mettait en marche une fois l’obscurité installée.
Laisser surgir des créatures bizarres
Comme lui, il nous suffit de garder les yeux ouverts pour laisser surgir les créatures bizarres dissimilées dans le papier peint à fleurs, les monstres cachés sous le lit. Les murs semblent s’écarter pour lisser la place à un territoire inconnu à explorer. Mais d’où vient cette sensation de ne pas être seul ? Quels êtres fantastiques habitent cette relative solitude ? Doit-on en avoir peur, et se recroqueviller sous la couette, ou les apprivoiser ?
Dans une première partie, toute la richesse d’un univers onirique à la fois aquatique et aérien se déploie sur un voile tendu au premier plan qui nimbe l’ensemble d’une atmosphère mystérieuse peuplée de chimères, d’animaux imaginaires et de végétaux. Le partenariat très réussi avec l’illustratrice Jessie Désolée et le vidéaste Yves Kuperberg se révèle plein de surprises et de rencontres improbables. La partition musicale de Régis Baillet contribue aussi à cette étrangeté plus apaisante qu’anxiogène.
Un quatuor malicieux
Ne dérogeant en rien à son style acrobatique et poétique, Kader Attou l’orchestre dans des enchainements fluides interprétés par un quatuor malicieux. À la fois spectaculaire et très accessible, sa danse embarque aussi bien les enfants que les adultes. Le chorégraphe s’amuse avec les images et glisse ici et là quelques références cinématographiques.
Kader Attou semble avoir conçu cette pièce comme les rituels de lectures qui précèdent l’endormissement. Nous rappelant cet état qui prépare la plongée dans les bras de Morphée, il sollicite notre mémoire et stimule notre esprit. Tour à tour amusés, effrayés ou intrigués, les enfants qui m’entourent dans cette représentation réservée aux scolaires s’apaisent au fur et à mesure de cette odyssée. Et en ultime clin d’œil, le chorégraphe s’invite sur scène dans les dernières minutes de ce charmant Murmure des songes. On ne quitte jamais vraiment l’enfance.
Claudine Colozzi
Le murmure des songes de Kader Attou
Vu le 19 décembre 2024 au théâtre de la Colonne à Miramas. Pièce créée le 7 novembre 2023 à L’Usine à Istres.
Durée : 65 mn
En tournée
16 au 18 février 2025 au Théâtre Jean Lurçat, Scène nationale, Aubusson
14 et 15 mars 2025 au Théâtre Claude Debussy, Maisons-Alfort
18 mars 2025 au Théâtre André Malraux, Chevilly-Larue
21 mars 2025 à l’Espace Marcel Carné, Saint-Michel-sur-Orge,
23 mars 2025 au Théâtre de Saint-Maur
25 mars 2025 au Théâtre du Vésinet
27 au 31 mars 2025 au Théâtre des Sablons, Neuilly-sur-Seine
16 avril 2025 au Palais des Beaux-Arts, Charleroi (Belgique)
14 et 15 novembre 2025 au Théâtre de Villefranche, Villefranche-sur-Saône
17 au 19 décembre 2025 à la Scène nationale, Malakoff
Direction artistique et chorégraphique – Kader Attou
Avec Margaux Senechault, Ioulia Plotnikova, Artem Orlov, Kevin Mischel
Scénographie de Kader Attou
Musique de Régis Baillet
Lumières de Cécile Giovansili-Vissière
Vidéo d’Yves Kuperberg
Accessoires – Oliver Borne
Illustration – Jessie Désolée
