Le Prix - Cyril Gely - Tristan Petitgirard - Ludmila Mikaël - Pierre Arditi © Bernard Richebé
© Bernard Richebé

Le duo Ludmila Mikaël-Pierre Arditi à tout Prix

Cyril Gely a adapté son roman pour la scène, donnant ainsi à ces deux grandes figures du théâtre, une partition de choix, qu’ils interprètent avec tout le talent qui les caractérise.

L’auteur aime les joutes verbales. Sa première pièce en 2003, Signés Dumas, mettait face à face, Alexandre Dumas (Francis Perrin) et son nègre Maquet (Thierry Frémont). En 2011, dans Diplomatie, Raoul Nordling (André Dussollier) convainquait Von Choltitz (Niels Arestrup) d’épargner Paris. Dans Le Prix, la physicienne Lise Meitner (Ludmila Mikaël) règle ses comptes avec le chimiste Otto Hahn (Pierre Arditi).

Lise Meitner appartient à la longue liste des femmes scientifiques dont les contributions à la recherche ont été attribuées à leurs collègues masculins. Otto Hahn arrive à Stockholm en 1946 pour recevoir le prix Nobel de chimie consacrant sa découverte de la fission nucléaire. Celle qui fut sa fidèle collaboratrice le retrouve dans sa chambre pour « secouer le passé ». Les sujets explorés sont à l’image de cette première partie du XXe siècle : les deux guerres, le nazisme, la Shoah, le nucléaire, la Guerre froide, la reconstruction de l’Allemagne et bien sûr, le patriarcat. C’est aussi l’histoire de deux êtres qui étaient « la même face d’une pièce » et n’ont pas pu s’aimer.

La mise en scène de Tristan Petitgirard oscille entre réalisme (la chambre d’hôtel) et onirisme par les jeux de lumières et images projetés derrière la fenêtre. Si l’auteur fait intervenir discrètement Judith la femme d’Otto (délicate Clara Borras) et un soldat anglais (impeccable Emmanuel Gaury), sa pièce est un long dialogue entre deux personnages. Cet exercice périlleux fait d’échanges et d’écoutes demande une belle adresse. Le jeu de Ludmila Mikaël est d’une grande sensibilité. La comédienne fait remarquablement sentir l’Exile intérieur que traverse son personnage. Pierre Arditi maîtrise à merveille la mauvaise foi sincère de son personnage empêtré dans les tourments de son pays. Ces deux « monstres sacrés » récoltent de la part du public une longue ovation bien méritée.


Le Prix, de Cyril Gely
Théâtre Hébertot
78 bis boulevard des Batignolles
75017 Paris.
Du 22 janvier au 30 mars 2025.

Mise en scène de Tristan Petitgirard
Avec Pierre Arditi, Ludmila Mikael, Clara Borras, Emmanuel Gaury
Décor de Juliette Azzopardi et Jean-Benoit Thibaud
Costumes de Virginie H.
Lumières de Denis Schlepp
Musique de Romain Trouillet
Vidéo de Mathias Delfau
Assistante mise en scène Léa Moussy.

Bande-annonce du Prix de Cyril Gery, mis en scène par Tristan Petitgirard © Théâtre Hébertot

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