Fête des Mère - Adèle Royné © Thibault Camus
© Thibault Camus

Fête des mères : Un joyeux et mélancolique règlement de comptes

Pour sa première pièce, Adèle Royné a choisi le thème inépuisable de la figure maternelle et d’une famille dysfonctionnelle où chacun cherche à trouver son bonheur. Un spectacle plein de promesses d’avenir.

Sortie de la promotion 41 de la classe libre du cours Florent en 2017, Adèle Royné a fait ses premiers pas, comme bien de ses consœurs et confrères, en s’écrivant deux seuls-en-scène, L’avis d’Adèle et Forget Me Not. Mais l’appel du collectif s’est fait entendre. Elle coécrit alors avec Vincent Gardet, ex-camarade de cours, une comédie grinçante, Fête des mères, qui surprend par son style et ses audaces.

Fête des Mère - Adèle Royné © Thibault Camus
© Thibault Camus

C’est Louise (formidable Adèle Royné) qui nous accueille et qui servira de guide pour comprendre le fonctionnement de cette famille peu ordinaire. La jeune fille a été surprise d’être invitée par sa génitrice au repas de la fête des mères qui correspond aussi à son anniversaire. Sa mère ne lui a jamais pardonné de s’être servi d’elle pour son one-woman-show. Car Louise est humoriste et si elle a accepté l’invitation, c’est parce qu’elle est en panne d’inspiration. Elle va être servie !

Lorsque Gabriel (épatant Adrien Rouyard), le fils aîné – le chouchou à sa maman qui se ruine en psy – et son compagnon Arthur (étonnant Cyril Metzger) débarquent dans la maison, ils ont la surprise d’y retrouver les traces d’une fête bien arrosée et de tomber sur Florence (impayable Florence Janas), une femme haute en couleur, à la langue bien pendue et le gosier en pente ! Elle se présente comme la petite amie, bien plus âgée, de Ziggy (touchant Aubin Herdandez), le petit frère, éternel adolescent qui squatte toujours chez sa maman.

Fête des Mère - Adèle Royné © Thibault Camus
© Thibault Camus

La première partie de la pièce permet de faire connaissance avec ce petit monde. Les enfants sont de jeunes adultes qui peinent à se construire. Il faut dire, si on les écoute bien, que leur maman n’a jamais été un parangon de vertu. Surtout pour les aînés et essentiellement pour sa fille qu’elle a toujours rabaissée. Cette mère pleine de failles, tel Godot, on l’attend, mais elle ne viendra pas. Cette absence va peser et faire craquer les uns et les autres. Notamment Arthur qui en a marre de jouer les utilités et Florence qui tente de minimiser, à sa manière, les situations. La pièce démarre alors vraiment, enchaînant les rebondissements et des dialogues drôles et pertinents.

Adèle Royné, sous le regard plus que complice de Guillaume Vincent, a mis en scène avec une belle intelligence ce dérèglement qui ne manque pas de piquant et d’originalité. Rondement mené par une troupe au diapason ou chacun a su donner de belles matières à son personnage, les temps morts ne sont pas de mise. Cette histoire de famille a toute sa place dans la grande liste des pièces, de Jean-Luc Lagarce à Frédérique Voruz, en passant par le couple Jaoui-Bacri, qui ont déjà abordé le sujet !


Fête des mères, spectacle d’Adèle Royné
Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 Paris
Du 29 janvier au 30 mars 2025
Durée 1h15.

Texte de Vincent Gardet et Adèle Royné (éditions L’avant-scène théâtre)
Collaboration artistique de Guillaume Vincent
Avec Aubin Hernandez ou Grégoire Didelot, Florence Janas ou Virginie Colemyn, Cyril Metzger ou Johann Cuny, Adrien Rouyard ou Felix Back, Adèle Royné ou Manon Kneusé.
Décor de James Brandily
Lumières de Corentin Favreau

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