Le plateau est plongé dans une pénombre crépusculaire. On distingue à peine sur le sol blanc, une chaise de jardin, une plante et au loin, une estrade où sont posés des instruments de musique. À quatre pattes, une silhouette traverse l’espace scénique, aussitôt rejointe par une autre, puis par une troisième. Insectes du soir, créatures de la nuit, qui sait ? Imperceptiblement, la lumière se tamise. Les huit danseurs assis par terre répètent les mêmes gestes comme traversés par la musique jouée en direct par Didier Ambact & King Q4.
Le tempo s’intensifie, les corps des interprètes rentrent en transe. En solo, en duo ou en groupe, ils prennent possession des lieux. Spontanément, une communauté se crée. Conjuguant danse contemporaine et traditionnelle, Christian Rizzo plonge profondément dans la culture méditerranéenne. Il en extrait chaleur, solidarité et communion. Bras dessus, bras dessous, les corps s’enchevêtrent. Les mains se lient pour donner naissance à une chaîne que rien ne peut rompre. Fraternelle, tendre autant que spirituelle, l’union de ces huit hommes est sacrée. Elle naît de leur désir d’être ensemble dans les rires, la joie et peut-être les drames.
La masculinité hors des clichés
Loin des clichés, le chorégraphe esquisse un autre paradigme, celui d’une société masculine qui n’aurait pas à prouver sa virilité et pourrait laisser transparaître ses émotions. S’inspirant d’un impromptu auquel il a assisté en 2004 à Istanbul à la fin d’un spectacle, Christian Rizzo cherche non à reproduire le moment, mais bien l’émotion intense qu’il avait ressentie. De ces hommes surgis de nulle part pour exécuter une courte danse folklorique avant de disparaître à nouveau, il n’a gardé et développé que l’essence même de cette gestuelle fugace : une intensité mystérieuse qui fait fi du concept même de genre.
Réinventant des grammaires ancestrales qui empruntent autant à l’art des derviches tourneurs qu’à celle du sirtaki, il trace de nouvelles lignes de fuite et imagine un tourbillon virevoltant qui embarque dans son sillage, préjugés et idées préconçues. Un moment hors du temps qui touche au cœur de l’humain !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
d’après une histoire vraie de Christian Rizzo
Création le 7 juillet 2013 au Festival d’Avignon
Reprise
le 04 février 2025 au Centre des Arts d’Enghien-les-Bains, en partenariat avec Escales Danse et Points Communs
06 février 2025 au Théâtre de Corbeil-Essonnes, Corbeil-Essonnes
08 février 2025 à L’Avant Seine, Théâtre de Colombes, en partenariat avec Escales Danse
18 février 2025 au Théâtre de Bressuire, Scène de Territoire, Bressuire
21 février 2025 à l’Odyssée, Scène conventionnée de Périgueux, Périgueux
25 mars 2025 au Cndc, dans le cadre du festival Conversations, Angers
28 mars 2025 au Colisée de Lens, dans le cadre du Festival La Beauté du Geste en co-réalisation avec Culture Commune, Scène nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais – Théâtre municipal Le Colisée de Lens – Le Louvre-Lens – Le 9-9bis de Oignies
01 avril 2025 à l’Auditorium, Opéra de Dijon, en partenariat avec Le Dancing CDCN Dijon Bourgogne-Franche-Comté et l’Opéra de Dijon, dans le cadre du festival Art Danse 2025
Conception, chorégraphie, scénographie et costumes : Christian Rizzo
Création lumière de Caty Olive
avec Youness Aboulakoul, Fabien Almakiewicz, Yaïr Barelli, Massimo Fusco en alternance avec Nicolas Fayol, Pep Garrigues, Kerem Gelebek, Filipe Lourenço, Roberto Martínez
À la création Miguel Garcia Llorens
Musique originale : Didier Ambact & King Q4
Arrangements sonores de Vanessa Court
Assistante artistique – Sophie Laly
Régie générale – Jérôme Masson ou Victor Fernandes, Régie lumière – Romain Portolan, Régie son :-Delphine Foussat