Dès les premières minutes, Marilou Aussilloux prévient le public. Ce n’est pas à un spectacle qu’il va assister, mais plutôt à des répétitions. Elle a le sujet, l’actrice Maria Schneider, des idées, mais n’en a pas encore la trame, le fil conducteur. Que dire de plus sur cette jeune femme que deux monstres sacrés ont brisée à l’aube de sa carrière ? La scène de viol et ses conséquences dramatiques sont connues. Mais que faire de ce bagage, en quoi la vie de cette autre célèbre a des répercussions ou des échos sur sa propre vie ?
Seule en scène, armée d’une perruque qui lui fait ressembler à Daniel Balavoine comme elle le reconnaît elle-même ou d’une autre en vrais cheveux qu’elle a du mal à porter par superstition, l’artiste passe par le prisme de Maria Schneider pour se raconter. Il a suffi d’une vague ressemblance qu’un ami de ses parents a remarquée, alors qu’elle était adolescente, pour tout déclencher. Actrice, elle le sent, c’est dans son sang, mais comment y parvenir quand on n’est pas du sérail ? Entremêlant réalité et fiction, documents d’archives et ses propres souvenirs, Marilou Aussilloux habite la scène et transforme ce qui aurait pu n’être qu’une succession de saynètes en un impromptu bouleversant.
Tissant avec Maria Schneider des fils ténus, mais puissants, elle esquisse un double portrait d’actrice qui touche en plein cœur. Donnant la parole à celle qui incarnait la Jeanne du Dernier Tango à Paris, elle se libère de ses propres démons. Dirigée avec beaucoup de délicatesse par Théo Askolovitch, la lumineuse et pétillante jeune femme, un peu gauche du début, se révèle au fur et à mesure pour laisser place dans un final exalté et intense à une sacrée comédienne. Une révélation !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Seule comme Maria de Marilou Aussilloux & Théo Askolovitch
Athénée – Théâtre Louis Jouvet
2-4 square de l’Opéra Louis-Jouvet
75009 Paris
du 14 janvier au 1er février 2025
durée 1h05
Avec Marilou Aussilloux
Création lumière de Nicolas Bordes, Création sonore d’Antoine Reibre & Création vidéo Jules Bonnel
Assistant à la mise en scène – Sébastien Truchet
Avec l’aide de Mady Zerah et Sophie Farsat