Le titre Nous sommes septembre, fait référence au film de Sautet Les Choses de la vie. Cette belle histoire d’amour qui s’est terminée dans un fossé ! En puisant dans sa propre histoire, la séparation douloureuse entre ses parents, Flore Grimaud (Riveraines) a écrit le texte complexe aux accents poétiques de sa pièce. Rien n’est plus bouleversant pour un enfant que d’assister à la douloureuse séparation de ses parents. Il faut apprendre à se (re) construire.
C’est ainsi qu’adolescente, elle a fait, ce qu’en psychanalyse on appelle une restauration narcissique, en se focalisant sur un autre couple mythique du grand écran : Delon-Schneider. Un choix surprenant puisque ces deux « fiancés » parfaits se sont séparés. L’image du comédien, décédé l’an passé, est de prime abord plutôt machiste tandis que celle de l’actrice qui lui donne la réplique notamment dans La Piscine de Jacques Deray, s’apparente à de la fragilité. Delon ne cessera d’évoquer son amour pour sa « Puppele ». Finalement, qu’est-ce que l’amour avec un grand A ? L’autrice tente d’y répondre en mêlant son histoire à celle de ces deux monstres sacrés du cinéma français.
La mise en scène d’Heidi-Éva Clavier est très habile. En plaçant les spectateurs en bifrontal, elle décentre le regard et offre un terrain de jeu formidable à la bouleversante Flore Grimaud et à l’admirable Manuel Durand. La scénographie de toute beauté de Johnny Lebigot reproduit une atmosphère nostalgique aux couleurs d’été et d’automne. Lors de l’avant-première au théâtre de l’Opprimé, on s’égarait dans le dédale des maux évoqués, depuis le texte a été resserré et a dû gagner en force. La beauté des images et des mots de Flore Grimaud nous transporte.
Marie-Céline Nivière
Nous sommes septembre, de Flore Grimaud (Édition du Cygnes)
Spectacle vu le 19 décembre au Théâtre de l’Opprimé.
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage Ruelle
75018 Paris.
Du 30 janvier au 1er mars 2025
Durée 1h.
Mise en scène d’Heidi-Éva Clavier
Avec Flore Grimaud et Manuel Durand
Collaboration artistique Antony Cochin
Scénographie de Johnny Lebigot
Vidéo de Thomas Bouvet
Lumières de Léandre Garcia Lamolla
Costumes de Patrick Cavalié.