Née en 1941 à Marcilly-le-Hayer (Aube), ses origines néerlandaises lui ont valu ce drôle de prénom Maaike – qui se prononce Mike -, sa chevelure blonde et sa stature longiligne. Depuis ses premiers pas au cinéma, comme silhouette, dans Fantômas contre Scotland Yard (1966), à sa dernière apparition sur les planches, auprès de son époux dans Hate Letters (2020), Maaike Jansen a mené une belle carrière, surtout au théâtre.
La vie avant tout
Préférant élever sa fille Géraldine, sa carrière n’a jamais été sa priorité absolue. Cantonnée pendant longtemps dans des petits rôles, c’est à partir de la fin des années 1990 et notamment dans les années 2000 que Maaike Jansen va connaître un tournant dans son parcours et une évolution que bien des actrices de cinquante ans lui envient. Elle avait su attendre.
La comédie était son domaine. Quand je lui ai demandé si le sens du comique était chez elle inné ou acquis, elle avait répondu : « Je crois que c’est dans les gènes ! Dans la vie, je suis un peu comme ça. J’ai cette façon de passer du coq à l’âne. Il faut être musicien pour jouer les ruptures. Car la comédie, c’est avant tout du rythme ! ».
Une fantaisie imparable
Maaike Jansen avait aussi trouvé son clown. Elle l’a prouvé dans le rôle de Paquita, la dresseuse de chien « approximative » de Cabaret Paradis, le film de Corinne et Gilles Benizio, alias Shirley et Dino. C’était un régal de la regarder jouer les grandes bourgeoises qui se débattaient avec des situations saugrenues, des quiproquos et des rebondissements. La protestante d’origine hollandaise a été une mère juive redoutable dans Happy Hanouka, la comédie d’Alex Pandev et Sylvie Audecœur.
À la scène
Avec Roland Giraud, elle formait un duo impayable. Complices, ils se sont donné la réplique avec succès dans Le Technicien d’Éric Assous (2010), puis dans Joyeuse Pâques de Jean Poiret (2014), toutes deux mises en scène par Jean-Luc Moreau. Thierry Lassalle et Jean Franco leur avaient écrit une belle comédie qui leur ressemblait, Hate Letters en clin d’œil à la pièce Love Letters ! C’était l’histoire d’un couple qui communiquait par lettres, alors qu’ils partageaient leurs vies et leur appartement ! Maaike et Roland se sont mariés en 1966 et on fait longtemps appartements séparés, mais sur le même palier. Et ils se laissaient des petits mots qui étaient beaucoup plus tendres que dans la pièce ! L’arrivée du Covid stoppa la tournée.
Comme à la ville
Lorsque l’on croisait Maaike Jansen et Roland Giraud dans la vie, la première chose que l’on remarquait était leur humanité. Ils aimaient la vie et étaient attentifs aux gens. La disparition tragique de leur fille en 2004, les a encore plus soudés. Elle appelait Roland, « Mon fiancé et néanmoins mari ! ». Il fallait l’observer la regarder avec tendresse, mais aussi avec une pointe d’inquiétude, ne sachant jamais ce qu’elle allait dire. C’est souvent elle qui avait le premier et le dernier mot. Fière de son talent, il n’arrêtait pas de répéter, à juste titre, qu’elle était une grande comédienne. Elle était son pilier. Aujourd’hui, on pense très fortement au comédien qui vient de perdre l’amour de sa vie, son plus solide soutient, celle qui savait gérer ses trous de mémoire et ses égarements. Et nous, nous pleurons une femme remarquable et une belle comédienne qui nous a tant fait rire. Adieu Madame.