Lucie Schaeffner © DR
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Lucie Schaeffner : « Avec la Comédie itinérante, c’est le théâtre qui fait l’effort de se déplacer jusqu’aux spectateurs »

L’administratrice de production à la Comédie de Valence revient sur l’histoire de la comédie itinérante, dispositif destiné à faire vivre le théâtre dans le monde rural, et qui fête aujourd’hui ses vingt-cinq ans.

Lucie Schaeffner : C’est un dispositif pensé il y a vingt-cinq ans par Philippe Delaigue et Christophe Perton, les deux codirecteurs de la Comédie de Valence de l’époque. Pour marquer le passage de Centre dramatique régional à Centre dramatique national, ils mettent en place ce projet, qui doit relier les deux territoires que nous couvrons : la Drôme et l’Ardèche. L’objectif est de faire circuler un maximum de spectacles en zones rurales — parfois dans des villages de cent habitants —, afin que ce soit le théâtre qui vienne jusqu’aux spectateurs, et non l’inverse. L’idée a été reprise par d’autres CDN depuis, mais Valence a été l’un des pionniers en la matière. Tous nos directeurs et directrices ont toujours cru aux vertus de la décentralisation et porté des projets qui allaient en ce sens.

Sœur.s, nos forêts aussi ont des épines  de Penda Diouf, mise en scène de Silvia Costa © Simon Gosselin
Sœur.s, nos forêts aussi ont des épines de Penda Diouf, mise en scène de Silvia Costa © Simon Gosselin

Lucie Schaeffner : Le dispositif a beaucoup évolué avec le temps : au départ, une troupe permanente, très liée à la Comédie de Valence, sillonnait le territoire et proposait un à deux spectacles par an. Un troisième faisait l’objet d’une sélection par nos partenaires, généralement des associations locales, qui nous accueillent dans les salles des fêtes des villages. Aujourd’hui, la Comédie itinérante est pensée pour être un miroir de la proposition en salle : c’est-à-dire que tous les spectacles que nous créons, qui s’appuient souvent sur des écritures contemporaines, sont joués à la fois au CDN et à la fois en itinérance. Le projet artistique est aussi ambitieux sur les routes qu’en salle. 

Lucie Schaeffner : Oui, c’est notamment le cas de Sœur.s, nos forêts aussi ont des épines. Le texte a été écrit par Penda Diouf, passée en résidence d’artiste chez nous, avant d’être mis en scène par Silvia Costa, à Valence et en itinérance. La metteuse en scène, qui a monté son spectacle dans plusieurs salles des fêtes, a même fait le choix de le jouer « à nu », à savoir sans dispositif technique lourd et destiné à dissimuler le lieu dans lequel on joue. Avant cela, Alice Zeniter et Marc Lainé ont aussi écrit et mis en scène leurs pièces Je suis une fille sans histoire et Nos paysages mineurs en itinérance. 

Sœur.s, nos forêts aussi ont des épines  de Penda Diouf, mise en scène de Silvia Costa © Simon Gosselin
Sœur.s, nos forêts aussi ont des épines de Penda Diouf, mise en scène de Silvia Costa © Simon Gosselin

Lucie Schaeffner : Notre ancienneté fait que ça marche très bien ! Les associations partenaires sont très nombreuses, et ne sont pas seulement liées à la culture. Nous sommes aussi accueillis dans certains villages par des associations liées à l’éducation populaire, des comités des fêtes, des amicales laïques… Au total, la Comédie itinérante s’est produite dans une centaine de villages de la Drôme et de l’Ardèche, à un rythme d’environ soixante représentations par an. Le public est toujours au rendez-vous. 

Lucie Schaeffner : Tout en poursuivant les projets actuels de la Comédie itinérante, Claire Roussarie et Marc Lainé ont mis en place un studio d’écriture, qui permet d’accueillir des acteurs en résidence, ainsi qu’un autre dispositif, que l’on appelle Ovnis, qui sont des projets de création participatifs menés par les artistes associés. L’objectif de ces deux projets est de mélanger autant que possible les disciplines artistiques et de mettre en valeur, autant que possible, l’écriture théâtrale contemporaine. 


Sœur.s, nos forêts aussi ont des épines de Penda Diouf
Texte publié aux Solitaires Intempestifs (2024)
Créé en janvier à la Comédie de Valence
durée : 1h15

Mise en scène, conception, scénographie, costumes de Silvia Costa
avec Dea Liane, Pauline Parigot
Lumière de Marco Giusti
Composition originale de Sandro Mussida
Collaboration à la mise en scène – Luna Scolari
Collaboration à la scénographie – Michele Taborelli
Réalisation costumes – Barbara Mornet
Programmation et mixage musical – violoncelle et piano – Sandro Mussida
Timbales, grosse caisse, marimba, vibraphone, crotale –  Elio Marchesini
Construction décor – Atelier décor Act’


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