Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Le soulier de satin monté par Antoine Vitez en 1987 ! J’ai 15 ans et je prends la première claque de ma vie… Une claque de 12h !
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Je monte sur scène pour la première fois à 13 ans alors que je subis un harcèlement au collège à cause de ma taille et de mon poids. Je fais déjà 1m75 et j’abuse régulièrement du Nutella® ! Ce soir-là, dans un monologue de Minyana, tiré d’Inventaires, le public rit « avec » moi et pas « de » moi. Une porte vient de s’ouvrir…
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ?
Sans trop d’originalité, le besoin d’être vue et aimée.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
En 1997, Je sortais de l’ENSATT et on m’a tout de suite proposé de jouer dans un spectacle jeune public qui s’appelait Raphaël et les marsouins au petit Hébertot. On jouait à 10h du matin devant des enfants sans concession. J’ai fait mes premières armes auprès d’eux et je garde une admiration profonde pour tous les artistes qui font du jeune public.
À l’époque, certains de mes camarades de l’ENSATT me disaient : « T’es folle ! Tu sors d’une École nationale et tu joues dans un spectacle pour enfants ! ? » Ils ne pouvaient pas savoir que ce spectacle allait me mener droit vers Titania dans Le songe d’une nuit d’été, mis en scène par Philippe Awat à l’Épée de bois à la Cartoucherie. Message aux apprentis comédiens qui sortent de l’école : De tout projet en découle un autre, de tout projet naît une rencontre, de tout projet jaillit l’expérience !
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Je suis une inconditionnelle d’Ariane Mnouchkine.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Je vais faire une réponse de Miss France : toutes les rencontres sont belles ! Certaines plus que d’autres… Depuis deux ans, je vis un rêve d’humanité et de rigolades avec l’équipe de Big Mother. Depuis 30 ans, je collabore avec mon meilleur ami Rodolphe Sand, qui signe la mise en scène de La Joconde parle enfin. Depuis deux ans, je découvre Laurent Ruquier qui m’a offert un cadeau merveilleux avec sa Joconde et qui m’offre de plus en plus son amitié. J’ai rarement croisé une personne aussi brillante. Depuis quinze ans, je collabore régulièrement avec Didier Caron qui est devenu un ami. Depuis douze ans, je fais couple dans La petite histoire de France avec David Salles qui est d’une générosité et d’une virtuosité extraordinaire.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Sans le théâtre, il n’y a pas de lien avec le public, pas de rires, pas de silences, pas d’applaudissements, alors où trouver l’énergie de continuer sans tout ça ?
Qu’est-ce qui vous inspire ?
La musique, les animaux. Je travaille mes rôles avec eux.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Nous sommes comme un vieux couple. Je ne peux pas m’en passer mais parfois je n’en peux plus alors je suis infidèle et je tourne pour le cinéma et la télé. Mais comme La femme du boulanger, je rentre toujours à la maison.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Mes jambes grésillent quand je ne joue pas pendant trop longtemps.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Vincent Dedienne, Simon Abkarian, Wajdi Mouawad, Rudy Milstein, Lionel Astier, Isabelle Nanty, Zabou Breitman, Agnès Jaoui.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
J’aimerais vivre l’expérience d’une pièce qui dure plusieurs heures. J’ai vu récemment le tentaculaire Racine carrée du verbe être, cela doit être passionnant de travailler le parcours d’un personnage sur six heures ! Et puis je rêve de jouer un jour avec ma fille de 21 ans qui démarre sa carrière…
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Sans aucune hésitation : Le rire de Bergson !
Propos recueillis par Marie-Céline Nivière
La Joconde parle enfin de Laurent Ruquier
Studio de la Comédie des Champs-Elysées
15 avenue Montaigne
75008 Paris.
Du 23 janvier au 30 mars 2025
Durée 1h10.