Transfiguration d'Olivier de Sagazan © Didier Carluccio
© Didier Carluccio

Transfiguration d’Olivier de Sagazan : l’homme cent visages

Dans le cadre d’une journée professionnelle du réseau FLAG - Festival et lieux des arts du geste - organisée au Samovar à Bagnolet, l’artiste plasticien et performeur a présenté, exceptionnellement, le 2 décembre une de ses œuvres emblématiques. 

Rare en France, peu reconnu par les institutions, Olivier de Sagazan, qu’on a vu récemment au côté de David Wahl dans Nos corps en terre au théâtre de la Tempête, fait le tour du monde. Loin des mots, plus taiseux que prolixe, l’artiste plasticien transcende la matière et en fait l’élément phare de ses performances. Plus qu’à un spectacle, l’artiste invite à un rituel chamanique autant qu’à une œuvre visuelle radicale et hybride. Pygmalion des temps modernes, il donne vie à ses créations.

Transfiguration d'Olivier de Sagazan © Didier Carluccio
© Didier Carluccio

Dans la pénombre, alors que le public s’installe, vêtu de son emblématique costume noir, Olivier de Sagazan tourne autour de la scène. Il marche, court, volerait presque s’il en était capable. Puis s’assied en tailleur. Derrière lui, trois immenses pendillons de métal, devant, une galette de glaise. Des paroles étranges s’échappent de sa bouche. Incompréhensibles, elles forment un chant incantatoire. Dans le même temps, il brûle quelques brindilles. Une douce odeur d’encens envahit la salle. La cérémonie peut commencer. 

Ses mains plongent dans l’argile grise, la malaxent. Il s’en enduit la tête et en transforme les arêtes anguleuses. Sous les yeux sidérés des spectateurs, il devient homme, femme ou animal. Peinture noire pour les yeux, rouge pour les lèvres, tour à tour grimaçant, inquiétant, baroque ou énigmatique, il fait de son visage le matériel même de sa performance, le lieu de tous les possibles. Quelques brins de paille, des feuilles, des fibres de coton, lui donnent des airs d’oiseau, de porc ou de cheval. 

La machine s’emballe. La transe n’est pas loin. C’est son corps tout entier qui devient l’objet même de son œuvre. Comme traversé par le Sabat Mater pour deux castrats de Vivaldi, l’artiste démultiplie son geste et dépasse les genres. Entier, radical, hypnotique autant que monstrueux, le performeur fascine et déroute. Passant de la forme à l’informe, il disparaît derrière les créatures qu’il sculpte à l’aveugle. Charnel autant que viscéral, empruntant autant à Rembrandt qu’à Bacon, Olivier de Sagazan se fait chantre d’un art total. Sidérant de poésie brute ! 


Transfiguration d’Olivier de Sagazan
spectacle créé en 1998
vu au Samovar à Bagnolet le 2 décembre 2024

Tournée
28 au 31 janvier 2025 au Théâtre de Namur dans le cas des rencontres avec Olivier de Sagazan, Belgique
4 au 7 mars 2025 au TJP – Centre dramatique National de Strasbourg

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