Le Sang du Glacier de Claire-Mélanie Sinnhuber © Jean-Louis Fernandez
© Jean-Louis Fernandez

Le Sang du glacier : un opéra itinérant qui tourne en rond

Dans le cadre de sa programmation en itinérance, l’Opéra de Lyon, en partenariat avec le Théâtre du Point du Jour, a commandé à l’artiste franco-suisse Claire-Mélanie Sinnhuber, une œuvre lyrique sur fond d’écologie. 

L’effet est aussi beau qu’inquiétant. Tout un glacier qui se teinte en rouge sang. Quel est ce phénomène ? D’où vient cette couleur annonciatrice de drame ? C’est toute la question qui irrigue l’opéra itinérant imaginé par Claire-Mélanie Sinnhuber à la musique, Lucie Vérot Solaure à l’écriture et Angélique Clairand à la mise en scène. Sur le papier, cette dystopie écologique, où la frontière entre réalisme et onirisme se brouille, avait tout pour séduire. Volontairement intime, la mise en scène, étudiée pour s’adapter au camion-opéra qui servira de salle lors de la tournée régionale, invite à s’immerger au plus près des deux protagonistes, une sœur (la soprano Charlotte Bozzi) et un frère (le baryton Mathieu Dubroca). 

Quand ils étaient enfants, leur père, un randonneur et alpiniste obsessionnel, a disparu dans quelques crevasses gelées. Vingt ans plus tard, son corps congelé refait surface. Au même moment, l’eau des glaciers se teinte en rouge et devient impropre à la consommation. Coïncidence ? Certainement pas. Entremêlant récit factuel, celui de Sofia, jeune ingénieure hydraulique qui s’apprête à voguer sur les eaux d’un fleuve pour étudier les courants, et récit poétique, la montagne qui sous l’effet de la fonte des neiges pleure des larmes de sang en rendant le corps de ses victimes, cet impromptu lyrique joue sur l’hybridation du théâtre et de l’opéra. 

À trop vouloir chercher une épure qui finit par tomber dans l’écueil du basique, le livret mi-scientifique, mi-homérique se dilue dans une rare vacuité. Une heure durant, rien ou presque ne se passe. C’est bien dommage. Les artistes ne déméritent pas dans l’espace conçu par Stephan Zimmerli. Pourtant, ingénieuse, la mise en espace d’Angélique Clairand ne suffit pas insuffler l’élan épique nécessaire pour emporter au-delà du quotidien trivial et terre à terre de la fratrie. Espérons qu’en investissant le camion-opéra, l’œuvre gagne en poésie et en originalité ! 


Le Sang du glacier de Lucie Vérot SolaureSpectacle à partir de 14 ans
Théâtre du Point du Jour en partenariat avec l’Opéra de Lyon
7 rue de l’Aqueduc
69005 Lyon
du 10 au 19  décembre 2024
durée 1h

Tournée
en itinérance dans l’agglomération lyonnaise du 17 au 19 décembre 2024 puis dans tout la région Auvergne-Rhône-Alpes dans un Camion-Opéra entre janvier et mars 2025

Musique de Claire-Mélanie Sinnhuber
Livret de Lucie Vérot Solaure
Mise en scène d’Angélique Clairand
Scénographie de Stephan Zimmerli

Costume de Mathieu Trappler
Lumière de Yoann Tivoli

Dramaturgie de Catherine Ailloud-Nicolas
Avec Charlotte Bozzi et Mathieu Dubroca
Ensemble orchestral (harpe, accordéon, violoncelle) – Rose Pollier Méliodon, Mélanie Brégant, Lila Beauchard

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