La prochaine fois que tu mordras la poussière, mise en scène Paul Pascot © Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

La Prochaine Fois que tu mordras la poussière, l’un dans l’autre

Au Petit Saint-Martin, Vassili Schneider incarne avec brio le roman autobiographique de Panayotis Pascot dans un spectacle séduisant mais qui frôle la myopie.

Nul ne sert de dresser à nouveau le CV de Panayotis Pascot, wonder boy du PAF débarqué de l’écurie Quotidien. En août 2023, le comédien et humoriste publiait son premier roman, La prochaine fois que tu mordras la poussière. Le récit autobiographique recevait alors un plutôt bon accueil par la critique, et caracolait plusieurs semaines en tête des ventes.

Le voilà désormais adapté au théâtre par l’un des six grands frères, le jeune metteur en scène Paul Pascot. De quoi doubler l’actualité scénique du jeune auteur de vingt-six ans, actuellement sur les planches avec son stand-up Entre les deux. À la Porte Saint-Martin, c’est Vassili Schneider, cadet d’une autre fratrie, celle de Niels et Aliocha, qui endosse ce rôle à la première personne. Le comédien se glisse parfaitement dans le costume de l’humoriste. Bondissant au quatre coins de ce plateau en forme de salle d’attente d’hôpital, il taquine le public, mélange la peine et la fougue, les aspirations à la grandeur et la dépression qui obstrue l’horizon. En bref, une certaine image de la jeunesse contemporaine.

Dans le texte, Panayotis Pascot règle ses comptes avec son père, et avec lui-même dans son propre rapport au géniteur. L’homme (Yann Pradal), longtemps trop taiseux, arrive en retard au début du spectacle et s’adresse à son fils depuis les gradins, dont il ne bougera plus. C’est un revenant, réel ou figuré. En lui se reflète beaucoup du jeune homme qui lui fait face. Mais chez ce dernier, l’homosexualité a dévié la masculinité. Elle a fait vriller ce modèle de virilité laconique qui bannit les sentiments, et dont le silence devient une dette pour les générations qui suivent. C’est cela qui libère la parole.

Panayotis Pascot, en face, dit (presque) tout : la tristesse, la mélancolie, les amours parfois déçues, et le désir gay — sagement. C’est touchant, mais la pièce, parfois, a aussi l’air de confondre son point de vue social, celui d’une classe moyenne blanche, avec un universel. Et, par conséquent, à se reposer dessus, au lieu d’aller chercher quelque chose de plus profond ou substantiel dans le sondage de l’âme. Néanmoins, des choses parviennent in fine à se faire entendre sur la dépression telle qu’elle s’articule au masculin. Et l’on doit à Vassili Schneider, entier et impeccable, de faire tenir l’intensité émotionnelle de la pièce jusqu’à sa sortie de piste, sous un tonnerre d’applaudissements.


La prochaine fois que tu mordras la poussière d’après le roman de Panayotis Pascot
Petit Saint-Martin
17 rue René Boulanger
75010 Paris

Jusqu’au 8 mars 2025
Durée 1h30

Adaptation théâtrale du roman de Panayotis Pascot
Adaptation et mise en scène Paul Pascot

Avec Vassili Schneider et Yann Pradal
Assistante à la mise en scène Marguerite De Hillerin
Scénographie Christian Geschvindermann
Lumières Dominique Borrini
Création sonore Léo Nivot
Costumes Clément Desoutter
Regard chorégraphique Shanti Mouget


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