Johanna Nizard © DR
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Johanna Nizard : un comédienne tout feu tout flamme

La comédienne réalise une prouesse exceptionnelle, dans Il n’y a pas d’Ajar, adapté du livre de Delphine Horvilleur. Depuis sa création en 2022, le spectacle ne cesse de tourner. Il se pose au Théâtre de la Concorde (Ex Espace Cardin), pour les fêtes.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Mes parents m’ont emmené voir Les inconnus à Nice. J’avais 15 ans. J’ai tellement aimé cette vague de rire. Je les aime depuis toujours. J’en ris encore quand je me repasse leurs vidéos. Ils étaient extraordinaires.

Johanna Nizard - Il n'y a pas de Ajar © Julie Dumelie
Il n’y a pas de Ajar de Delphine Horvilleur, mise en scène d’Arnaud Aldigé et de Johanna Nizard © Julie Dumelie

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Au CM2, j’avais décidé avec un copain de monter L’Avare. Je jouais Sganarelle. Toute la classe était présente. J’ai été subjugué par leur écoute. J’ai tout de suite compris, que je dialoguerai par cette voie. Et puis je crois aussi que le déclencheur fut l’adhésion et l’encouragement de mes parents qui n’ont jamais cessé de m’accompagner.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne ?
Je ne sais pas. Sûrement, mon père… Il m’a fait voir beaucoup de films, des westerns, les Chaplin, Laurel et Hardy… Amoureux fou de Barbra Streisand, il m’a très vite fait découvrir Funny Girl de William Willer. Bouleversé par son jeu, sa voix, sa liberté et drôlerie, j’ai eu un vrai choc. J’ai dû le voir une vingtaine de fois, comme Yentl qui a aussi été un choc. J’écoute souvent avant de jouer A piece of sky. Le rapport à la musique et à la joie a déterminé mon choix d’être actrice. Les films en noir et blanc, m’accompagnent depuis toujours, et Lon Chaney dans L’inconnu de Tod Browning a été fondateur. Le travestissement, la transgression et la métamorphose sont des mots-guide dans ma pratique théâtrale. La recherche du monstre est un désir infini.

Johanna Nizard © DR
Les premiers pas au théâtre © DR, collection privée

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Turandot, j’avais 12 ans. J’étais dans une troupe de Théâtre. Cachée sous un grand chapeau seau, je me sentais libre. J’ai compris que le masque allait tout m’autoriser.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
La Divine Comédie, mis en scène par Romeo Castellucci en 2008 au Festival d’Avignon. Un choc qui perdure encore

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Delphine Horvilleur. Elle est comme une rencontre amoureuse. Une fracture qui a ouvert tous les possibles. J’ai trouvé en elle une folie rare. J’aime cette phrase de Deleuze : « Si tu ne saisis pas le petit grain de folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passes à côté. Le point de démence de quelqu’un, c’est la source de son charme. »

D’autres encore bien sûr… Ma fille Lou, Laurent Mauvignier, Arnaud Aldigé, Marion Aubert, Cindy Sherman, Muriel Chaney, Raya Goral, Marc-Alain Ouaknin, Thomas Blanchard, Audrey Bonnet, Olivier Talpaert, Cécile Kretschmaar, Marie-Hélène Laffon, Stephan Habib, et mon chien, Miso.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
La vie est plus respirable quand on est un autre… Je savais que le théâtre, les histoires qui convoquent tant de fantômes, serait le lieu où je serais la plus heureuse.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
La métamorphose. Les monstres. Un chemin qui grimpe. La Joie. La Vibration nouvelle de chaque matin. Un regard dans le métro. La boutique de Perruque Sibi à Château d’eau. Spotify. La voix d’une personne. Un parfum. Un livre. Ma grand-mère Raya. Une phrase, un mot qui s’impose à vous comme une nouvelle direction à prendre.

Surexpositions - Marion Aubert © DR
Avec Fabrice Gaillard dans Surexpositions de Marion Aubert, mise en scène de Julien Rocha © DR, collection privée

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Je titube rien qu’à l’idée que c’est la première et dernière fois que nous jouerons.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Le ventre, les mains et les pieds.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Alain Françon, Jean-François Sivadier, Wajdi Mouawad, Roméo Castellucci, Monia Chokri, Jeanne Herry, Jacques Audiard, Michel Hazanavicius.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Se lever un matin, parler anglais, et partir jouer le rôle de Mercutio dans Roméo et Juliette à la Royal Shakespeare Company… Ou faire le Vendée Globe

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Portnoy et son complexe de Philipp Roth


Il n’y a pas de Ajar, de Delphine Horvilleur
Théâtre de la Concorde
1 avenue Gabriel
75008 Paris
Du 11 au 28 décembre 2024
Durée 1h15

Mise en scène d’Arnaud Aldigé et de Johanna Nizard
Avec Johanna Nizard
Collaboration artistique à la mise en scène de Frédéric Arp
Conseil dramaturgique de Stéphane Habib
Regard extérieur d’Audrey Bonnet
Scénographie et création lumière de François Menou
Maquillage et perruques de Cécile Kretschmar
Costumes de Marie-Frédérique Fillion
Création sonore de Xavier Jacquot

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