Hector Manuel © DR
Hector Manuel © DR

Hector Manuel : Le charme, la dérision et la fièvre 

Membre fondateur du collectif Bajour, l’artiste et interprète revit au Théâtre Public de Montreuil dans L’Éclipse, spectacle choral mis en scène par Leslie Bernard et Matthias Jacquin, ses premiers émois d’adolescent. 

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Roméo et Juliette aux Nuits de Fourvière, que j’avais vu parce que mon grand frère Clément jouait dedans. Une version urbaine digne des années 90.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Je suis dans une cour au festival d’Avignon, après une année passée en école d’architecture à Marseille. Je fais du théâtre depuis le collège et j’y suis avec ma troupe. Mon père m’appelle pour me dire que je n’ai pas validé mon deuxième semestre. Je suis super mal, déçu, mon père aussi, mais ici je suis dans un endroit où je me sens bien. À ce moment-là, c’est une évidence, je veux faire du théâtre. 

L’Éclipse du Collectif Bajour, Mise en scène de Leslie Bernard et Matthias Jacquin © Fabrice Robin
L’Éclipse du Collectif Bajour, Mise en scène de Leslie Bernard et Matthias Jacquin © Fabrice Robin

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien et metteur en scène ?  
Le goût pour l’imitation, le déguisement, la fascination pour ce métier que fait mon frère, le plaisir de provoquer des rires dans un public.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Un montage de textes de Courteline, Molière et Ribes au collège. Il y a une scène de plongeurs en maillots de bain. J’ai 12 ans, je suis très complexé par mon corps, mais sur scène, je suis libre, protégé malgré le trac, je m’en fous, je joue.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Ce sont deux spectacles vus à deux jours d’intervalle dans la cour du lycée Saint-Joseph à Avignon et qui dans ma tête n’en font qu’un. Je suis le vent, mis en scène par Patrice Chéreau et Phase d’Anne Teresa De Keersmaeker. J’en garde le souvenir de moments réellement hors du temps, sous hypnose, des émotions à partir de si peu de choses : quelques mots, un mouvement répété sans fin, la présence puis l’absence. Chaque spectacle n’avait duré que moins de deux heures, et j’y avais passé à chaque fois une nuit entière, halluciné. 

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Mes camarades de la promotion 8 du TNB avec une partie desquels nous avons formé le collectif BAJOUR. Et Jean-François Sivadier, Jean-Christophe Meurisse, Éric Didry, Alice Vannier/Courir à la catastrophe, Clara Hédouin/Manger le soleil.

Que ma joie demeure de Clara Hédouin © DR
Que ma joie demeure de Clara Hédouin © DR

En quoi votre métier est-il essentiel à votre équilibre ?
Quand je ne joue pas je ne sais pas quoi faire de moi. Si je n’ai pas un os à ronger dans ma tête je rêvasse, je me fais des films, je procrastine. 

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les BD (Brecht Evens, Emil Ferris, Alan Moore, Jodorowsky…), les images que je glane sur internet, mes amis.

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 

Organique et hygiénique. C’est un endroit où poser son attention pendant un temps donné sur des objets, des partenaires et des sujets donnés, comme une méditation. 

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 

Les jambes, pour le besoin de parcourir l’espace, le rapport au sol, à mon propre centre de gravité, l’étude de ce phénomène perpétuellement étonnant qu’est celui de se tenir debout.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Thom Yorke, Kendrick Lamar, Sophie Letourneur, Jean-François Sivadier, Phia Ménard, Julie Duclos, Sylvain Creuzevault.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 

Une adaptation intégrale d’Au-dessous du volcan de Malcolm Lowry. Une plongée infernale dans l’alcool et la fête des morts de Quauhnahuac. Ça durerait douze heures, il y aurait du mezcal, de la musique live, des costumes de démons et de mariachis, un bateau, un chien, des oiseaux et un taureau.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
La BD Asterios Polyp de David Mazzucchelli


L’éclipse de Bajour
Création en février 2024 au Quartz – Scène nationale de Brest
Pièce présentée du 9 au 10 avril 2024 au Théâtre du vieux Saint-Etienne, Rennes, dans le cadre du Festival Mythos
Durée 1h50 environ

Tournée
4 au 20 décembre 2024 au Théâtre Public de Montreuil

Mise en scène de Leslie Bernard et Matthias Jacquin
avec Leslie Bernard, Julien Derivaz, Alicia Devidal, Douglas Grauwels, Matthias Jacquin, Hector Manuel, Asja Nadjar, Georges Slowick, Adèle Zouane 
scénographiede Léa Jézéquel 
Création lumières de Brice Helbert 
Création sonore de Marine Iger 
Direction musicale Matthias Jacquin 
Création musique de Louis Katorze 
Construction Des Décors Le Quartz
Régie Générale François Aupée 

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