Comment avez-vous intégré l’équipe de Festival Imago ?
Élodie Kugelmann : Tout simplement en rencontrant Richard Leteurtre et Olivier Couder, les deux codirecteurs du festival. C’était à l’occasion de la création de leur spectacle, Les missions d’un mendiant de Daniel Keene à l’Étoile du Nord, pour lequel, ils m’avaient engagée. C’était la première fois que je voyais un spectacle avec des artistes en situation de handicap. J’ai été complètement subjuguée de voir comment ils évoluaient sur le plateau, leur poésie, leur corps en mouvement, leur manière d’appréhender l’espace, d’être à l’écoute. Je les ai trouvés très pro. Ils m’ont conquise. Richard Leteurtre m’a alors parlé du festival Orphée, qui allait ensuite devenir Imago dont il reprenait la direction. La coordinatrice de l’époque s’en allait. J’ai postulé et j’ai été engagée.
En quoi consiste votre travail ?
Élodie Kugelmann : Mon rôle est de faire toutes les mises en lien, de rechercher des structures culturelles pour un partenariat avec le festival, de rechercher également des spectacles et des compagnies inclusives. J’encadre la communication et organise toutes les réunions. C’est aussi beaucoup de logistique. Je m’occupe de toute la préparation de l’inauguration du festival, de la conférence de presse avec notre attaché de presse Jean-Philippe Rigaud dont je suis aussi le binôme, des colloques…
Il me faut récolter toutes les informations concernant les spectacles pour constituer un dossier de propositions artistiques que l’on soumet aux partenaires culturels. Depuis 2016, on a des structures partenaires fidèles et récurrentes, mais à chaque édition, elles sont de plus en plus nombreuses à nous rejoindre.
Ce dossier est comme un catalogue que vous proposez aux structures pour qu’elles puissent choisir ?
Élodie Kugelmann : Il y a quelques structures qui nous proposent un spectacle qu’elles ont vu et qui pourrait rentrer dans le cadre du festival et qui partagent nos valeurs d’inclusion, par exemple. Pour les autres, elles disposent de ce dossier de propositions artistiques dans lequel ils peuvent puiser. Quand on parle de structures culturelles, cela englobe les salles de spectacle, de concert, mais aussi des musées, des salles d’expositions, enfin tout ce qui peut recevoir une œuvre artistique.
Et la nouveauté de cette année est que le festival a dépassé le territoire de l’Île-de-France, grâce à Yoann Lavabre, directeur du Glob Théâtre de Bordeaux…
Élodie Kugelmann : La semaine « Cultivons nos singularités », telle qu’elle a été nommée à Bordeaux, s’est vraiment très bien passée avec une table ronde, des spectacles tout public traduit en LSF. La table ronde a permis de nouer avec de futurs potentiels partenaires. La semaine à Bordeaux va certainement s’accroître sur le territoire de la Nouvelle-Aquitaine. Je reviens de rencontres professionnelles à Limoges où il y avait beaucoup de structures ainsi que des tutelles du territoire de la Nouvelle-Aquitaine. C’est une région qui bouge énormément, qui est très à l’écoute de toutes les formes un peu à part et qui veut vraiment travailler sur la mise à l’honneur d’artistes en situation de handicap à travers le spectacle, mais aussi à travers les œuvres plastiques… Voilà, ça commence à faire des petits.
Le Festival touche à sa fin, quel bilan pouvez-vous déjà en faire ?
Élodie Kugelmann : Cette année a été riche ! Il y a eu davantage de partenaires que les années précédentes, plus de structures culturelles, plus de spectacles à l’honneur, plus de représentations, de rencontres professionnelles, de colloques. Il est vrai qu’avec les Jeux Paralympiques de Paris et le film Un petit truc en plus, le public a été sensibilisé.
Avec les Jeux paralympiques, il a pu assister à des performances sportives absolument remarquables. Il y a quelque chose qui les a amenés à être curieux de formes artistiques existantes. On l’a vu notamment avec la danse et les danseurs en fauteuil !
Nous constatons que nos salles ont été vraiment bien remplies, même sur des territoires un peu éloignés, comme le fin fond de la Seine-et-Marne, des Yvelines ou du Val-d’Oise. Il y avait comme on le souhaite ce mélange entre le public ordinaire des salles de spectacles et celui qui n’y va pas habituellement. Nous sommes contents et on espère que ça va continuer.
Le monde évolue, les regards changent, ces formes artistiques vont trouver de plus en plus leurs places…
Élodie Kugelmann : Exactement, même si des compagnies inclusives ont toujours existé. Grâce au Festival Imago et tous les événements (heureusement, nous ne sommes pas les seuls), beaucoup de compagnies inclusives sentent qu’elles ne sont plus à la marge, qu’elles ont toute leur place. En tant que coordinatrice qui reçoit tous ces projets artistiques, je peux dire qu’il y a de plus en plus de compagnies qui osent se lancer dans l’aventure, dans cette reconnaissance de leur pratique artistique, de leur professionnalisation… Et le festival, comme Les Plateaux Imago, est un moyen de se faire voir.
Qu’est-ce que Les Plateaux Imago ?
Élodie Kugelmann : Le festival a lieu tous les deux ans, mais entre les éditions, nous avons mis en place cet événement important. Il s’agit de se faire rencontrer sur une journée des structures culturelles et des compagnies inclusives. Celles-ci, sélectionnées en amont par l’équipe, présentent sur la journée vingt minutes de leur spectacle. Cela permet une autre visibilité. Et dans des moments informels, puisqu’on passe la journée ensemble, du petit-déjeuner au repas de midi jusqu’à la clôture, il y a de véritables échanges artistiques et humains.
En 2023, plus de 90 % des spectacles proposés aux Plateaux ont été programmés dans le cadre du Festival Imago. Les spectacles ont été souvent présentés dans plusieurs structures et sur plusieurs départements. Et c’est ça qui est intéressant. Car on veut qu’ils soient visibles et qu’ils puissent tourner. Ce qui est remarquable, c’est que cela attire aussi de nouveaux partenaires, comme le Théâtre National de Chaillot. Cette année, à cause de travaux, ils n’ont pu accueillir le Festival, mais ça va se faire, nous l’espérons. Et pourquoi pas la Comédie-Française, car apparemment, ils sont en train de travailler sur l’ouverture aux artistes en situation de handicap !
Imago, c’est donc plus qu’un festival ?
Élodie Kugelmann : À côté du festival, il y a Imago le réseau des pôles Art et Handicap qui rayonne sur toute l’Île-de-France et qui mène des actions culturelles, met en place des colloques, des formations, favorise l’accessibilité aux œuvres, aux structures… Les membres de ce réseau font un travail remarquable tout au long de l’année… Nous espérons tous que le festival Imago devienne d’ici peu un festival national.
Propos recueillis par Marie-Céline Nivière
5e édition du Festival IMAGO
Du 7 septembre au 21 décembre 2024