Dégringolade ou l’art de rester debout d'Ashley Chen & Pierre Le Bourgeois © Alban Van Wassenhove
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Dégringolade ou l’art de rester debout : mémoire en mouvements

Au Regard du Cygne à l’occasion du festival Signes d’Automne, le danseur Ashley Chen et le violoncelliste Pierre Le Bourgeois confrontent leurs souvenirs d’interprète.

Le Regard du cygne, dédié à la danse, a fêté pendant sept semaines ses quarante ans d’existence avec un festival intitulé Signes d’automne. On ne pouvait imaginer meilleur écrin pour découvrir Dégringolade ou l’art de rester debout, duo qui réunit le danseur Ashley Chen et le violoncelliste Pierre Le Bourgeois. Les dimensions de ce studio génèrent une proximité propice à cette performance rétrospective. Une proposition hybride entre conférence dansée et variation autour de la mémoire du mouvement qui interroge la manière de se construire en tant qu’interprète.

© Alban Van Wassenhove
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Dans ce lieu où l’on a vu passer tant de figures de la danse contemporaine en France, Ashley Chen évoque celles qui ont marqué son propre parcours. Merce Cunningham, Trisha Brown, Fabrice Dugied, Mié Coquempot, Boris Charmatz ou Philippe Decouflé. Au fur et à mesure, nos souvenirs se superposent à ceux que cette pièce fait jaillir.

Ashley Chen remonte le fil du temps, renoue avec ses rêves de petit garçon avide de danse. Il fait surgir les dates et les noms des pièces de manière un peu désordonnée. La chronologie ne semble pas avoir d’importance. Plus que de millésimes, il est ici question des traces que les expériences chorégraphiques laissent dans la mémoire du corps. Une manière de passer en revue toutes les façons d’être au plateau qui nourrissent et façonnent un interprète. « C’est fascinant d’explorer la manière dont un corps se souvient, comment tout cohabite en soi. »

Avec vélocité et l’engagement qu’on lui connait, le danseur et chorégraphe switche d’un état de corps à un autre. Quelques gestes suffisent pour évoquer un univers chorégraphique. La nostalgie ne se fraye jamais de chemin, laissant plutôt l’espace à une ironie réparatrice. Sans avoir l’air d’y toucher, avec une apparente simplicité, la pièce questionne ce qui un jour prend le nom de carrière artistique.

Dégringolade ou l’art de rester debout d'Ashley Chen & Pierre Le Bourgeois © Alban Van Wassenhove
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Pierre Le Bourgeois l’accompagne avec son violoncelle à travers une partition qui se radicalise au fil de la pièce. Facétieux duettistes, les deux complices qui se sont rencontrés chez Philippe Decouflé (présent dans la salle ce soir-là) habitent chacun à leur manière un duo en apparence en décalage. Ils se contrarient, se chamaillent faussement. L’un est maniaque, l’autre plus foutraque, mais l’alliage de ces deux métaux bruts se révèle une combinaison surprenante.

La performance se mue en battle dont on peut craindre que les deux protagonistes ne se relèveront pas. Au contraire, les deux entrent dans une danse libératrice. Nourris de leurs différences, le duo qu’ils font surgir à quelque chose à nous transmettre de très précieux, une fraternité au plateau qui entraine la performance vers une écriture de plus en plus libre. Une saine émancipation se fait jour. De la chute peut naître un nouvel équilibre.


Dégringolade ou l’art de rester debout d’Ashley Chen & Pierre Le Bourgeois
Vu le 13 décembre 2024 au Regard du cygne dans le cadre du festival Danse Signes d’automne 2024.
Durée : 50 mn

En tournée
Mai 2025 au Festival danse de tous les sens, Chorège Centre de Développement Chorégraphique National Falaise Normandie avec la coopérative Le Sépulcre, en mai 2025
4 juin 2025 à Tours d’Horizons, Festival du Centre Chorégraphique National de Tours.

Chorégraphie et interprétation d’Ashley Chen
Création musicale et interprétation – Pierre le Bourgeois
Regards extérieurs – Magali Caillet-Gajan, Julien Monty, Peggy Grelat-Dupont et Marlène Saldana

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