La pièce commence dans le noir le plus complet. Une musique rappelant les bruits sourds de quelques films de science-fiction, où un vaisseau serait soumis au vide sidéral, aux forces électrostatiques, envahit l’espace. Une lumière ultraviolette vient parfois éclairer discrètement un endroit vide de la scène. Un martèlement rompt la belle mécanique, le ronronnement étrange, régulier. Est-ce un pied qui tape le sol ? ou un battement de bras ? Difficile à dire. Par moment, une silhouette apparait. C’est celle d’Aina Alegre. Tenue blanche, grise, déconstruite, faisant penser à des habits de cosmonaute, elle habite l’espace, le remplit de ses mouvements acérés, de son écriture ciselée. Tout est au cordeau, rien ne dépasse.
Un battement itératif
Comme ancrée dans le sol, la danseuse et chorégraphe hispanique se laisse porter par le son spatial, par sa dimension hypnotique. Elle joue de la gravité, de sa virtuosité à fendre l’air, à habiter le lieu, à attraper l’attention du public. Tissant une écriture rythmée, saccadée, faite d’une gestuelle totalement maitrisée, métronomée, Aina Alegre invite à une réflexion sur le temps, l’espace, l’intemporalité et l’éphémère. Avec R-A-U-X-A, elle signe une pièce qui s’étire un peu trop faute d’une dramaturgie resserrée, mais qui séduit et envoûte par la qualité de son interprétation, sa présence scénique irradiante.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
R-A-U-X-A d’Aina Alegre
spectacle vu le 9 mai 2021 à l’Atelier de Paris dans le le cadre du Festival June Events
Reprise
13 au 14 novembre 2024 au Carreau du Temple
29 mars 2025 à Conde Duque, Madrid, Espagne
22 au 24 Mai 2025 à Chaillot – Théâtre national de la danse, Paris, France
Avec Aina Alegre
Musique live de Josep Tutusaus
Lumières de Jan Fedinger
Conception espace de James Brandily
Costumes d’Andrea Otin