Attention, comme toujours chez Omar Porras, ça dépote et ça swingue. Ce Scapin, incarné avec virtuosité et folie par un Laurent Natrella en très grande forme, est une pure bombe. Décor kitsch, costumes aux couleurs chamarrées, tout invite à une plongée dans une rêverie surréaliste et grand-guignolesque. Conjuguant commedia dell’arte et univers cartoonesque, le metteur en scène d’origine colombienne a l’art du théâtre dans le sang et se glisse avec gourmandise dans les mots de Molière.
Mariages forcés et enfants perdus
A Naples, un vent d’amour souffle sur la ville. Sous le regard attendri de leurs valets respectifs, Sylvestre (Alexandre Ethève) et Scapin, Octave (Pascal Hunziker) et Léandre (Karl Eberhard), deux amis d’enfance, tombent amoureux : le premier de la belle Hyacynthe (Caroline Fouilhoux) et le second de la pétillante Zerbinette (Marie-Evane Schallenberger).
Malheureusement pour les deux compères, leurs voeux de mariage avec des jeunes filles dont on ne connaît pas la lignée, n’est pas du goût de leurs avaricieux et autoritaires parents. Tout juste revenus de voyage, avec des desseins précis pour leur progéniture, Seigneur Argante (Peggy Dias) et Madame Géronte (Olivia Dalric) ne sont pas d’humeur à s’en laisser compter. Il faudra toute la fourberie zélée de Scapin, quelques coups de bâton et la magie du Deus ex Machina pour que l’amour triomphe.
Une machine à rire
En reprenant plus de quinze ans après sa création, avec une partie de la distribution d’origine, sa mise en scène de la comédie à l’italienne de Molière, Omar Porras enchante petits et grands. Maîtrisant les effets scéniques avec une grande intelligence, il fait feu de tout bois et s’amuse à flirter avec les limites du burlesque et de l’extravagance. S’appuyant sur le savoir-faire de Laurent Boulanger, son accessoiriste, il transforme le plateau en un espace de jeu ludique et totalement « destroy ».
Juke box capricieux, électricité qui saute, vaisselles qui virevoltent et se brisent. Il n’y a pas une minute de répit. Menés à un train d’enfer, les comédiens et comédiennes, tous fabuleux sans exception, donnent corps à la fable de Molière et l’augmentent avec malice de quelques chansonnettes et références d’aujourd’hui. C’est fun, drôle et totalement barré.
Omar Porras et sa troupe font de ce Scapin, une aventure totalement savoureuse et délectable. Du grand et beau théâtre, qui ne craint pas de faire dans le divertissement, le baroque et le décalé. La machine est infernale. Elle attrape le public avec gaité et maestria . Bravo !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Renens-Malley
Les Fourberies de Scapin de Molière
TKM – Théâtre Kléber-Méleau
Chemin de l’Usine à Gaz 9
CH-1020 Renens-Malley
le 8 au 17 novembre 2024
Durée 2h05
Tournée
21 et 22 novembre 2024 à la Salle CO2, La Tour-de-Trême (Suisse)
26 novembre 2024 au Bühnen Bern, Berne (Suisse)
30 novembre 2024 au Théâtre du Crochetan, Monthey (Suisse)
5 et 6 décembre 2024 au Théâtre Saint-Louis, Cholet (FR)
10 décembre 2024 au Théâtre Roger Barat, Herblay-sur-Seine (FR)
13 et 14 décembre 2024 à Château Rouge, Annemasse (FR)
20 et 22 décembre 2024 au Théâtre du Passage, Neuchâtel (Suisse)
Mise en scène d’Omar Porras assisté Marie Robert
Adaptation et dramaturgie d’Omar Porras et Marco Sabbatini
Avec Olivia Dalric, Peggy Dias, Karl Eberhard, Alexandre Ethève, Caroline Fouilhoux, Pascal Hunziker, Laurent Natrella & Marie-Evane Schallenberger
Collaboration artistique – Alexandre Ethève
Scénographie et masques de Fredy Porras
Musique d’Erick Bongcam et Omar Porras (avec la collaboration de Christophe Fossemalle)
Régie générale – Caroline Roux
Création lumière d’Omar Porras et Mathias Roche
Costumes de Bruno Fatalot
Assistantes costumes – Julie Raonison &Leïla Christen
Postiches, perruques et maquillages – Véronique Soulier-Nguyen
Assistante postiches, perruques et maquillages – Léa Arraez
Accessoires – Laurent Boulanger
Construction décor – Jean-Marc Bassoli, Alexandre Genoud, Olivier Lorétan †, Yvan Schlatter & Noé Stehlé
Peinture décor – Béatrice Lipp & Lola Sacier
Régie plateau – Gabriel Sklenar, Régie son – Benjamin Tixhon & Sébastien Perron, Régie lumière – Christophe Kehrli & Ludovic Bouaud