Je ne suis pas arabe - Élie Boissière © Julien Giami
© Julien Giami

Je ne suis pas Arabe : comment réussir une belle salade composée

Ce premier spectacle de la Compagnie Les Yeux Larges, porté par Élie Boissière, est une auto-fiction dans laquelle il est question d’identité, d’héritage et de culture, tout ce qui forge un enfant appelé à devenir parent un jour.

Élie Boissière est « fils de parents français d’origine normande et maghrébine, convertis tous les deux au judaïsme ». Si sa grand-mère maternelle a beau dire « Nous, on est Français… », parce que l’Algérie l’était à l’époque, il se doute bien que ce n’est pas si simple. En retournant sur les traces de son passé, il peut dire Je ne suis pas Arabe, mais quand même.

C’est son co-auteur, Ben Popincourt, qui lui a donné l’idée formidable, de faire démarrer son spectacle à la maternité. Toutes les familles sont réunies autour de la mère et du père, pour attendre l’arrivée du bébé qui a décidé de prendre son temps. Comme chacun vient d’un peu partout, cela donne des airs et des odeurs folkloriques à cette longue veillée autour de l’enfant à naître. Et s’il refuse de venir au monde, c’est peut-être parce que le passé pèse trop lourd pour qu’il puisse écrire son avenir. Le père court chez sa grand-mère Mahdjouba pour la questionner sur ce qu’elle refuse de raconter, son histoire. Une bizarrerie spatiotemporelle le propulse à Oran, en 1930.

Ce récit est un conte onirique où le fantastique se frotte à la réalité. Accompagné par le musicien Ahmed Amine Ben Feguira et les beaux sons du oud, Élie Boissière déroule avec virtuosité son histoire complexe et fait surgir de nombreux personnages. Ce n’est pas un exercice à la Caubère mais plutôt de ceux des grands conteurs comme Fellag, Dario Fo et Lionel Lingelser (Les possédés d’Illfurth). Avec pour seul décor un drap blanc et un magnifique jeu de lumières, œuvre de Nathan Sebbagh, la mise en scène d’Alexis Sequera (Régine jusqu’au bout de la nuit) va en ce sens. Si en ce soir de première, le spectacle avait encore besoin de trouver le bon dosage, ses ingrédients de base étaient assez puissants pour faire réfléchir à ce vivre ensemble quelles que soient nos origines et nos cultures.


Je ne suis pas Arabe, d’Élie Boissière et Ben Popincourt
Théâtre de la Reine Blanche
2 bis passage Ruelle
75018 Paris
Du 19 novembre au 21 décembre 2024
Durée 1h10

Mise en scène d’Alexis Sequera
Avec Élie Boissière
Musique Ahmed Amine Ben Feguira
Scénographie d’Alexis Sequera et Rémy Aufort
Lumières de Nathan Sebbagh

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com