D'autres familles que la mienne - Estelle Savasta © Danica Bijeljac
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D’autres familles que la mienne : une belle ode à la vie

Artiste associée au CDN de Normandie-Rouen ainsi qu' auThéâtre des Quartiers d’Ivry et à la scène nationale Grand Narbonne, Estelle Savasta présente sa nouvelle création, sur la reconstruction d’une vie après le désastre.

Pour écrire D’autres familles que la mienne, Estelle Savasta a cultivé divers champs d’inspiration. Les sillons de l’un sont une enquête solide sur l’aide sociale à l’enfance, ceux des autres proviennent de l’histoire particulière d’un couple, du travail au plateau avec les comédiens et de l’association étroite avec la compositrice Ruppert Pupkin. De tout cela est sortie une récolte nourricière.

D'autres familles que la mienne - Estelle Savasta © Danica Bijeljac
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Une jeune femme vient à l’avant-scène pour s’adresser à ceux qui sont venus célébrer ce qui ressemble à un anniversaire ou un mariage ! La voix de Dalida, parce qu’elle va bien dans le paysage festif, retentit : « C’était le temps des fleurs, on ignorait la peur, les lendemains avaient un goût de miel… ». D’un geste, elle fait arrêter la musique ! Cela ne convient pas, la peur elle l’a connue et son avenir n’était pas tracé pour être sans difficulté. Nora va alors dérouler son histoire et les raisons qui l’ont conduite ici.

La forme du début est assez classique, tout comme l’est le système narratif basé sur de nombreuses scènes qui s’enchaînent dressant divers lieux et époques. C’est un puzzle où chaque pièce s’emboîte à la perfection. Comme chez Wajdi Mouawad, dont Estelle Savasta a été assistante lorsque l’artiste était à Montréal, ou chez Alexis Michalik, le spectateur est pris dans le tourbillon de ces instants de vie qui résonnent en lui. L’émotion était plus que palpable aux applaudissements. Les plus jeunes se reconnaissant dans les divers sujets abordés et les plus âgés dans leurs souvenirs.

Il y a l’histoire de Nora, incarnée par la formidable Zoé Fauconnet. Parce que sa mère, incapable de l’élever et même de l’aimer, l’a laissée dans son couffin sur son balcon, Nora s’est retrouvée à vivre la vie de ceux que l’on appelait autrefois les enfants de la DDASS. Encadrée par un service souvent trop débordé, elle est placée dans une famille d’accueil, puis, à l’adolescence, dans un foyer qu’elle doit quitter à sa majorité. Étant encore trop jeune pour affronter seule le monde, elle va disparaître des radars.

D'autres familles que la mienne - Estelle Savasta © Danica Bijeljac
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Au lycée, Nora a fait la connaissance d’Ariane, interprétée par la lumineuse Clémence Boissé. Par elle, la jeune femme va découvrir d’autres univers, la vie de famille, la tendresse d’une mère, mais aussi la fantaisie et la joie de vivre. Ces deux inséparables vont ensemble aborder l’adolescence et tous les chamboulements qui vont avec. Lorsque Nora disparaît Ariane la cherche. Son monologue définissant cette amitié est bouleversant ! Ariane va grandir amputée de ce double jusqu’à sa rencontre avec Nino (touchant Matéo Thioller-Serrano) qu’elle va épouser.

Voilà pour les grandes lignes de ce récit fictionnel captivant. Nora et Ariane vont se retrouver, mais pas comme l’on s’y attend ! Autour des filles, une ronde de personnages, menée avec une belle maîtrise de leur art par Valérie Puech, Najda Bourgeois, et Olivier Constant.

Le plateau est un espace presque nu, un plancher en bois, une grande table, symbolisant la tablée familiale, et des draps cousus entre eux, formant une toile en fond de scène. De ce presque rien, à partir des lumières, des déplacements des comédiens, Estelle Savasta déploie sa formidable machinerie théâtrale. Et lorsque les mots ne trouvent plus leur place, comme pour exprimer la naissance des sentiments et les huit années de vie commune entre Ariane et Nino, les corps se mettent en mouvements, accompagnés par la magnifique musique de Ruppert Pupkin. Elle termine son spectacle en revenant sur la première scène, refermant ainsi la page de ce récit foisonnant. Nora se fait la porte-parole : une famille, ce n’est pas uniquement les liens du sang, cela se construit aussi !


D’autres familles que la mienne, texte d’Estelle Savasta en collaboration avec les acteurs et actrices
Spectacle créé au CDN de Normandie – Rouen, au Petit Quevilly – Théâtre de la Foudre du 6 au 9 novembre 2024
Théâtre des Quartiers d’Ivry – CDN du Val de Marne
La Manufacture des Œillets – 1 rue Raspail
94200 Ivry-sur-Seine
Du 19 au 27 novembre 2024
Durée 1h45

Tournée 2024-2025
4 et 5 décembre 2024 à la MC2 Grenoble (38)
15 au 17 janvier 2025 au ThéâtredelaCité CDN de Toulouse Occitanie (31)
28 au 31 janvier 2025 à la Comédie de Saint Etienne (42)
4 au 6 mars 2025 au CCAM Scène nationale de Vandoeuvre en collaboration avec le Théâtre de la Manufacture, CDN Nancy Lorraine (54)
27 et 28 mars 2025 à la Maison de la culture de Bourges scène nationale (18)
26 et 27 mai 2025 au Théâtre + Cinéma scène nationale du Grand Narbonne (11)

Mise en scène d’Estelle Savasta
Avec Olivier Constant, Valérie Puech, Zoé Fauconnet, Clémence Boissé, Matéo Thiollier Serrano et Najda Bourgeois
Assistanat à la mise en scène Titiane Barthel
Musique de Ruppert Pupkin
Scénographie de François Gauthier-Lafaye
Lumières de Léa Maris
Lumières reprise de Mathieu Marques
Costumes de Cécilia Galli
Réalisation du décor dans les Ateliers de construction du ThéâtredelaCité sous la direction de Michaël Labat.

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