D’où est née l’idée d’un parcours déambulatoire et dansé au cœur de l’exposition ?
Christine Bastin : C’est la troisième fois que nous collaborons, avec beaucoup de plaisir, avec le MAIF Social Club. Chaque intervention a été imaginée autour d’une exposition et de la thématique abordée. Après Dans les branches, une cabane habitée en 2019 et Le Chant des forêts en 2022, Florent Héridel, le directeur artistique du lieu, a fait encore appel à La Fabrique de la Danse, un incubateur chorégraphique dont je suis la directrice artistique. Cette année, il nous a proposé de nous emparer du corps dans toutes ses dimensions physiques autant que sociétales pour faire écho aux œuvres exposées. Ce qui nous intéresse particulièrement dans ce type de commande en tant que chorégraphes, c’est de voir comment à travers la danse , on peut permettre aux spectateurs de ressentir autrement les œuvres présentées. Elles sont également une très belle nourriture pour nous.
Comment la thématique du corps vous a inspiré ?
Christine Bastin : Pour un danseur et un chorégraphe, cette thématique interpelle forcément en profondeur. Le corps est pour nous fondamental. Il est essentiel à notre pratique. Nous avons pris en compte les quatre thématiques abordées par l’exposition : le corps anatomique, le corps comme lieu d’expression des émotions, le corps donné à l’autre, et le corps comme lien entre tout. Chacune de ces thématiques a été confiée à quatre chorégraphes différents. J’ai proposé à trois chorégraphes-interprètes qui font partie de la Fabrique de la Danse – Marie Simon, Romain Di Fazio et Ornella Dufay-Miralles – de relever le défi. Et de mon côté j’ai fait le choix de danser le corps affectif, celui qui est en relation avec l’autre. Mon duo fait écho au duo de corps très en chair réalisé par l’artiste britannique Daisy Collingridge.
Comment avez-vous travaillé cette déambulation ?
Christine Bastin : Je connais bien les chorégraphes de La Fabrique et chacun.e a été choisi.e avec soin en fonction des thématiques abordées. Romain pour le corps anatomique, et son jeu autour des étirements, de la mécanique articulaire et du rebond, Ornella, danseuse de krump et dont le travail questionne la « féminité obligée » et la révolte qui en découle, en lien avec le travail d’Andrea Scholze, et Marie qui sait magnifiquement habiter les lieux et improviser avec la matière dont elle dispose, pour investir l’installation de Jacob Dahlgren faite de multiples rubans. En ce qui me concerne, avec mes deux interprètes Yohann Orcade et Solène Bossu, et en opposition aux corps voluptueux, de la plasticienne, j’ai répondu par un duo de silhouettes fines, qui partant d’une matière unique , tentent petit à petit d’éclore vers l’homme et la femme.
Dans tous les cas, ce qui a guidé chaque chorégraphe, c’est le lien étroit avec les œuvres et l’envie d’emmener le spectateur dans un voyage sensible entre le figuratif et le mouvement, tout en le laissant libre du regard qu’il pose sur chaque chose. Le déambulatoire dure 25 mn et se fait avec une douzaine de spectateurs seulement , ce qui crée une très belle intimité entre toustes.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Accord Parfait de La Fabrique de Danse
spectacle crée dans le cadre de l’exposition Faisons Corps
MAIF Social Club
37 rue de Turenne
75004 Paris
Chorégraphes – Interprète – Marie Simon, Romain Di Fazio et Ornella Dufay-Miralles
Avec Ariane Derain et Yoann Hourcade
Direction artistique de Christine Bastin