Rêche de Myriam Gourfink © Patrick Berger
© Patrick Berger

Rêche de Myriam Gourfink, un éloge de la douceur

Au cœur du Panthéon, la chorégraphe donne vie à un amoncellement de corps reliés entre eux par un fil invisible. Contraints à la lenteur, les sept interprètes livrent une performance moins âpre qu’on ne l’imaginait.

Leurs combinaisons blanches leur donnent des airs d’astronautes débarqués sur une planète inconnue. Et curieusement au fur et à mesure de l’avancée de la pièce, les sept interprètes sembleront s’en dépouiller, dans une mise à nu symbolique. Cachés derrière les colonnes, ils s’avancent l’un après l’autre. Debout, on ne les verra guère. Rêche se déroule à fleur de sol.

Progressivement, les contours de ces corps posés les uns sur les autres, juxtaposés, entremêlés, s’estompent. Un seul et même être, tentaculaire, étrange hydre à apparence humaine, prend vie sous nos yeux. Ces corps amoncelés qui bougent imperceptiblement offrent une vision macabre. Impossible de ne pas penser à un charnier. Impossible de faire abstraction des œuvres d’Anselm Kiefer évoquant les horreurs des guerres du XXe siècle qui encadrent l’espace scénique dans le Panthéon. Alors décider d’oublier où l’on se trouve, plaquer sa respiration sur celles des danseurs, essayer de vibrer à leur diapason, respirer au rythme de cette chorégraphie si minimaliste qu’elle en semble atone, qu’elle paraît absente.

Portés par la composition musicale envoûtante de Kasper T. Toplitz et Didier Casamitjana, les danseurs continuent de se mouvoir comme au ralenti. Une lenteur dérangeante et apaisante tout à la fois. Des doigts se crispent, une jambe est prise d’un tremblement, une peau rougit, un dos se cambre. L’ennui guette par moments, mais les sept interprètes nous en délivrent. Ils sont si extraordinaires dans leur présence aux autres. Et soudain, la vision lugubre du début s’éloigne pour ne laisser apparaître qu’un immense enlacement, une étreinte ad libitum d’où émerge une douceur infinie.


Rêche de Myriam Gourfink
Vu le 26 septembre 2024 au Panthéon. Centre des monuments nationaux avec l’Atelier de Paris – CDCN dans le cadre du Festival d’automne à Paris 2024
Durée : 1 h

En tournée
5 et 6 novembre 2024 au Théâtre du Beauvaisis scène nationale – Beauvais

Composition chorégraphique de Myriam Gourfink
Avec Esteban Appesseche, Suzanne Henry, Noémie Langevin, Deborah Lary, Matthieu Patarozzi, Annabelle Rosenow, Véronique Weil
Composition musicale et basse électrique – Kasper T. Toeplitz
Percussions de Didier Casamitjana
Costumes de Catherine Garnier
Lumières de Sophie Lepoutre
Régie générale – Zakariyya Cammoun

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