Jean-Marie Rouart © F. Mantovani - Gallimard
Jean-Marie Rouart © F. Mantovani - Gallimard

La Maîtresse italienne de Jean-Marie Rouart : une savoureuse romance napoléonienne

Partant sur les traces de l’empereur déchu, en exil sur l’île d’Elbe, l’académicien entremêle fiction et réalité pour esquisser une galerie de portraits habilement ciselés. 

Napoléon a perdu sa couronne et son empire. Les grandes puissances européennes ont fini par venir à bout de ce « petit caporal corse » un peu trop ambitieux et conquérant à leur goût. C’est sur l’île toscane d’Elbe qu’ils ont décidé de l’envoyer finir ses jours. Ni trop loin, la Russie ne le permettrait pas, ni trop proche, l’Angleterre et l’Autriche veillant au grain, l’empereur déchu et le reste de sa cour sont placés sous haute surveillance. 

De son arrivée le 4 mai 1814 à Portoferraio, capitale de cette petite principauté accordée lors du traité de Fontainebleau, à son départ pour reconquérir la France le 26 février 1815, L’Aigle, malgré ses ailes entravées, remonte ses manches, rénove les lieux et sort l’île de sa torpeur. Souverain éclairé dans l’âme, il n’oublie pas son objectif, en bon comédien, il donne le change. Bien qu’aux aguets, connaissant la personnalité du « grand proscrit », qu’il admire, le colonel Neil Campbell, commissaire anglais chargé d’empêcher sa fuite, se laisse berner. Ses amours avec une belle et mystérieuse comtesse italienne ne sont pas étrangers à ce relâchement d’attention. 

Tissant les fils d’une intrigue historico-romanesque, Jean-Marie Rouart poursuit son exploration de la légende napoléonienne. Conjuguant le rocambolesque à la véracité historique, il entraîne le lecteur d’une échoppe du port de l’Île d’Elbe aux salons florentins de la comtesse Miniaci, en passant par les coulisses du traité de Vienne. Espionnage, libertinage et échanges diplomatiques donnent à ce roman tout son sel. Les échanges à fleurets mouchetés entre Talleyrand et Metternich sont un délice de sarcasme et d’intelligence. Les portraits ciselés de la fidèle Pauline, de la très sévère Madame Mère et du décadent Louis XVIII offrent une belle plongée au cœur d’un XVIIIe siècle en pleine décadence et à l’orée prometteuse d’un XIXe prêt à éclore. Fascinant !


La Maîtresse italienne de Jean-Marie Rouart
Collection Blanche
Éditions Gallimard
parution le 4 janvier 2024
176 pages, 140 x 205 mm
prix conseillé 19 euros

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Contact Form Powered By : XYZScripts.com