Orgueil, poursuite et décapitation de Marion Aubert, mise en scène de Nina Campan © DR
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Orgueil, poursuite et décapacitation, le décousu main « hystérique » de Marion Aubert

Nina Campan et son jeune collectif font leur rentrée au théâtre de Belleville en portant au plateau la pièce déjantée, fragmentée et un brin autobiographique de la dramaturge auvergnate.

Une autrice face à ses démons. Assisse dans un coin du plateau, dans une cabine en verre, Marion Aubert (Juliette Bargain) tire un fil après l’autre des récits de vie, des instants volés du quotidien, des fantasmes inavoués. Belle-fille assassine, marâtre bien décidée à dégager sa bru trop snob de la vie de son fils chéri, mari violent mais doté d’un sacré sex appeal, enfant ingérable, mais so cute, directeur de théâtre énervé un peu trop porté sur la chose, secrétaire soumise et quiche à souhait : défile sur les planches une succession de personnages sortis de la tête de l’auteure, tous plus perdus, pervers ou tout simplement stéréotypés les uns que les autres. 

Étude sociologique loufoque autant que portrait au vitriol d’une société qui a perdu tout sens commun, Orgueil, poursuite et décapitation, dont le sous-titre, Comédie hystérique et familiale, donne le ton, déploie sa folie absurde en une suite de saynètes sans queue ni tête. S’intéressant aux « chonchons », personnages que Marion Aubert a totalement inventés mais qui disent tant de nos frustrations, de nos espoirs avortés, de nos petites chicaneries, l’auteure esquisse à gros traits un état du lieu du monde où sexisme et patriarcat ont la dragée haute, où les stéréotypes ont la vie dure et où les femmes sont réduites à l’état de « pute », de bonniche. 

Avec fougue et verdeur, la jeune Nina Campan s’empare de cette matière en fusion très instable. Encore fragile dans sa direction d’acteurs, elle n’arrive pas totalement à insuffler le second voire quinzième degré salvateur qu’appelle à grands cris cette fable noire, parodique et déjantée. Les bonnes idées sont là, les comédiens — Margaux Hajjar, épatante, en tête — multiplient les facéties et habitent la scène. Frais, le spectacle ne demande encore qu’à trouver son rythme et sa juste mesure pour totalement convaincre. 


Orgueil, poursuite et décapitation de Marion Aubert 
Théâtre de Belleville
16, Passage Piver
75011 Paris
jusqu’au 28 septembre 2024
Durée 1h25 environ 

Mise en scène de Nina Campan
Avec Margaux Hajjar, Rémi Giordan, Charlotte Moinat, Juliette Bargain et Morgane Patton
Costume de Juliette Bargain, Margaux Hajjar et Morgane Patton Travail corporel Ema Bertaud
Scénographie de Zoé Mary et Morgane Patton
Musique de Nina Campan

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