Nageuse de l’extrême – Portrait d’une jeune femme givrée ; à partir des récits de Marion Joffle – Texte d’Élise Vigier © Christophe Raynaud de Lage
© Christophe Raynaud de Lage

Nageuse de l’extrême, Élise Vigier à l’écoute du corps

À Théâtre ouvert, la metteuse en scène porte au plateau pour la première fois ses propres maux qu’elle entrecroise avec ceux de la sportive de l’extrême Marion Joffle. 

Au plus près des corps et des mots, Élise Vigier place le spectateur sur scène dans un dispositif tri frontal. Assise avec le public, sac à la main, elle attend son tour. Celui de parler, celui de son rendez-vous avec un médecin. Le diagnostic est posé, cancer du sein. Un peu de chirurgie, de chimio, peut-être de radiothérapie, il n’est pas invasif. Ça devrait aller. Si l’angoisse est là toujours à ses côtés, il n’y plus trop de risque d’une mauvaise nouvelle. 

Face à elle, sur un praticable transformé en morceau de glace, doudoune blanche sur le dos, une jeune femme (épatante Léna Bokobza-Brunet), blonde athlétique, se prépare. Dans quelques minutes, elle va plonger dans la froide Manche. Il est temps d’affronter le froid, de se mettre en maillot de bain. Pas question de mettre une combinaison, elle est nageuse de l’extrême. Son compagnon l’assiste, lui met de vaseline sur tout le corps pour éviter qu’il ne se refroidisse trop vite au contact de l’eau glacée. Un peu plus de neuf heures durant, malgré les douleurs, la fatigue, elle va fendre les flots, quitter les côtés anglaises pour rejoindre les plages du Pas de Calais. Premier exploit validé, Marion Joffle va poursuivre son rêve de relever d’autres défis, dans d’autres mers, d’autres lacs aux quatre coins du monde. 

Le parcours médical de l’une se confronte à celui plus sportif de l’autre. La gageure est différente, mais le but est le même, survivre, prouver que malgré les maux, le corps est toujours là, fort bien qu’affaibli. Élise Vigier Entrecroise les deux récits, les fait se répondre avec beaucoup de pudeur et délicatesse. Sans jamais s’apitoyer sur son sort ni sur les états d’âme de Marion Joffle, elle signe une œuvre rare, touchante, profondément humaine. Au-delà de deux intimités qui s’entrechoquent, Nageuse de l’extrême – portrait d’une femme givrée, donne à voir deux natures, deux combattantes, l’une du quotidien, l’autre de l’extraordinaire. Deux belles leçons de vie ! 


Nageuse de l’extrême – Portrait d’une jeune femme givrée, à partir des récits de Marion Joffle – Texte d’Élise Vigier
Éditions esse que, septembre 2024
Théâtre ouvert
159 Avenue Gambetta
75020 Paris
du 16 au 28 septembre 2024
durée 1h05 environ

Tournée 
7 au 9 octobre 2024 à la Comédie de Caen, CDN de Normandie
24 au 28 février 2025 au 
Quai-CDN Angers (représentations hors les murs)
2 au 4 avril 2025 au Théâtre du Point du Jour, Lyon (représentations hors les murs)
13 au 16 mai 2025 au 
Quai-CDN Angers

Mise en scène d’Élise Vigier assistée de Flavien Beaudron
Avec Léna Bokobza-Brunet, Élise Vigier
Musique d’Étienne Bonhomme
Lumières de Bruno Marsol
Costumes de Laure Mahéo
Travail sur le mouvement – Sébastien Davis-Vangelder
Régie générale et plateau – Camille Faure
Régie son et lumière – Baptiste Galais

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