El lago de Víctor Jiménez © Caroline de Otero
El lago de Víctor Jiménez © Caroline de Otero

Le temps d’aimer 2024, petites formes et grandes ambitions

À Biarritz, comme chaque année depuis 34 ans, la saison culturelle s’ouvre en faisant la part belle à la danse sous toutes ses formes. Porté depuis 2021 par le CCN dirigé depuis 1998 par Thierry Malandain, le festival s’élargit tant territorialement que sur la diversité des vocabulaires chorégraphiques qu’elle met à l’honneur. 

Entre deux nuages, un soleil de fin d’été éclaire les rues de la cité balnéaire biarrote. Si sur les plages, les baigneurs sont rares, les surfeurs, en nuée, s’en donnent à cœur joie. La ville est calme. Les touristes, moins nombreux, prolongent le temps suspendu des vacances. Les festivaliers, quant à eux, ont de quoi se réjouir. Jusqu’au 16 septembre, chaque jour, Le temps d’aimer la danse leur propose toute une série d’activités et de moments de rencontres allant de la découverte des coulisses d’un spectacle en assistant à des répétitions en extérieur jusqu’à l’œuvre aboutie en salle, en passant par la fameuse gigabarre sur la grande plage. 

Petites choses de Robinson Cassarino © Caroline de Otero
Petites choses de Robinson Cassarino © Caroline de Otero

En cette fin de journée de septembre, alors que le ciel se voile, devant le théâtre du Colisée, situé sur les hauteurs de l’Hôtel du Palais, la jeunesse est au rendez-vous pour découvrir Petites choses, première pièce de Robinson Cassarino, danseur franco-italien qui a fait ses classes chez Hofesh Schechter avant de crever l’écran dans le long-métrage sorti en 2022 de Cédric Klapisch, En corps. À la manière d’un marionnettiste, il se glisse aux côtés de ses deux interprètes Helena Olmedo Duyslaeger, avec qui il a tourné dans le court-métrage « très fashion » Los Enamorados de Nathalie de Lopez, et Benoit Couchot, pour les accompagner dans leur mouvement, éclairer au plus près leurs gestes. Jouant les régisseurs plateau, il cisèle ce pas de deux qui oscille entre pantomime mélancolique et duo mimétique. 

Sur la scène, deux parapluies noirs ouverts servent d’unique décor. Émergent de derrière le tissu, deux doigts, une main mimant une silhouette humaine. Aussitôt rejoint par une autre main, une danse miniature s’improvise. Puis changement de décor, le plateau est nu. Une lampe de poche, comme unique source de lumière, les corps apparaissent dans leur entièreté. L’écriture se fait plus tranchée, plus dégingandée. Homme, femme, peu importe, habillés de manières identiques, les deux artistes exécutent avec une belle précision le langage groove de Robinson Cassarino. Empruntant autant à son mentor qu’au hip hop, l’artiste esquisse une œuvre fragmentée qui évoque le couple à travers les petits riens du quotidien qui tissent au long court une intime connivence. Encore fragile dans ses transitions, rigide dans sa partition, Petites choses révèle toute son intensité au moment des saluts, quand enfin les corps libres se réveillent et offrent un bœuf dansé revigorant ! 

El lago de Víctor Jiménez © Caroline de Otero
El lago de Víctor Jiménez © Caroline de Otero

Un peu plus tard, dans la soirée, c’est au Théâtre municipal que les festivaliers ont rendez-vous. Au programme, une revisite par le chorégraphe espagnol Víctor Jiménez et sa compagnie basée à Saragosse, LaMov, des partitions emblématiques du Lac des Cygnes, œuvre cultissime du ballet classique. Alors que le public s’installe, une brume blanche, dense, envahit la salle. De ce brouillard épais, émergeront deux silhouettes lointaines, deux cygnes noirs dont le triste destin semble déjà scellé. Commençant par la fin, l’artiste espagnol ne cherche pas à coller à l’histoire d’Odette, à la malédiction de cette princesse qui le jour venu se transforme en cygne, mais plutôt à en réinterpréter la symbolique de l’amour bafoué et de la femme délaissée, maltraitée. 

Au sol, un cercle figure le lac. Des tenues de baigneurs rappellent la nature humaine des volatiles. Entremêlant les genres, Víctor Jiménez tente, comme tant d’autres avant lui, de donner un coup de jeune au ballet intemporel, sans pour autant malheureusement que son geste aboutisse. Faute d’une technique irréprochable, la pièce pêche par ambition et par itération de grands mouvements de bras, de jambes. Les idées sont là, les images aussi. Certaines resteront comme celles du bal, où la fausse Odile brutalise le corps de la vraie. Pourtant, la sauce ne prend pas. Le souffle tragique, épique retombe assez vite sans jamais retrouver un second envol. Dommage !


Le temps d’aimer la danse 
Du 4 au 16 septembre 2024

Petites choses de Robinson Cassarino
Théâtre du Colisée
40 min
avec Helena Olmedo Duyslaeger et Benoit Couchot

El Lago de Víctor Jiménez d’après le Lac des cygnes de Piotr Illitch Tchaikovsky
Théâtre du Casino municipal
durée 1h
avec Paula Rodríguez, Imanol López, Daniel Romance, María Bosch, Fermín López, Ainhoa Fernández, Daniela Rodríguez, Hugo Martín
Musique de Tchaikovsky et Jorge Sarnago
Lumières de Luis Perdiguero (A.A.I.-DiiVANT)
Scénographie de Vanesa Hernández (DiiVANT), avec l’aide de Francisco Rodríguez, Juan Manuel González (DiiVANT) José Miguel Casanova
Technique – Óscar Úbeda, Eduardo Mora
Son de Andrés Lapresta
Costumes d’Arturo Guillén
Maître de ballet – Carolina Chico

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