Fabien Coquil © DR
Fabien Coquil © DR

Fabien Coquil, un pince-sans-rire au talent fou

Passant avec une aisance folle du surréalisme de Tous les poètes habitent Valparaiso de Carine Corajoud au délirant Péplum médiéval de Valérian Guillaume, le comédien habite la scène d'une présence singulière et fascinante.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Pas de vrais souvenirs, mais des impressions d’enfance surtout. Des spectacles de rue sur le port de Brest et des représentations de cirque au moment des arbres de Noël.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
J’ai beaucoup été spectateur puis quand j’étais étudiant en art du spectacle à Rennes, je me suis inscrit en parallèle au conservatoire. Je n’ai passé les concours des écoles supérieures qu’au dernier moment, juste avant d’atteindre l’âge limite. Un déclencheur administratif donc. Je me suis approché tout doucement du théâtre jusqu’à me rendre compte que c’était ce que je voulais faire.

Tous les poètes habitent Valparaíso de Carine Corajoud, Mise en scène de Dorian Rossel © Daphné Bengoa
Tous les poètes habitent Valparaiso de Carine Corajoud en collaboration avec Dorian Rossel © Daphné Bengoa

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
D’abord pour faire mon intéressant, et puis après on invente des raisons plus nobles. Peut-être pour aller voir comment ça fonctionne, le comédien est à l’intérieur de l’œuvre, c’est une place que j’aime bien, qui m’intéresse.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Au conservatoire de Rennes, je jouais Moritz dans L’Éveil du printemps de Wedekind. Je n’ai pas eu la sensation qu’une mise en scène se mettait en place au cours des répétitions, sans doute parce que je ne savais pas où regarder. Le soir de la première, j’avais l’impression qu’il n’y avait rien, j’apprenais mon texte encore deux heures avant la représentation, c’était la panique. Et puis tout s’est bien passé, la mise en scène nous activait et nous protégeait. Je me suis senti très libre et plein d’inspiration même si j’étais sans doute très mauvais.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Il y en a trop. Pour en choisir un, je dirais les spectacles de François Tanguy avec le Théâtre du Radeau. Je me rappelle également de The Sound of Silence d’Alvis Hermanis ou Ich sah : das lamm auf dem berg Zion de VA Wölfl qui ne ressemblaient à aucune forme connue pour moi et qui me faisaient voir que tous les spectacles n’ont pas à se ressembler. Plus récemment Cécile de Marion Duval ou encore Ainsi la bagarre et le travail de Carolina Bianchi.

Quelles sont vos plus belles rencontres ?
D’abord au conservatoire de Rennes puis à la Comédie de Saint-Étienne. J’ai eu la chance d’être dans des promotions qui ne travaillaient pas dans la souffrance, mais dans la joie. Après l’école c’est la rencontre avec la compagnie Super Trop Top (Delphine Lanza et Dorian Rossel) et plus récemment la troupe Catalyse, sans hésitation.

Tous les poètes habitent Valparaiso de Carine Corajoud en collaboration avec Dorian Rossel © Daphné Bengoa
Tous les poètes habitent Valparaiso de Carine Corajoud en collaboration avec Dorian Rossel © Daphné Bengoa

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Pas sûr d’avoir de l’équilibre. Peut-être dans l’alternance de vide et de plein qui se nourrissent mutuellement et font avancer. Peut-être aussi dans le fait de se retrouver dans une salle de répétition avec des gens qui se posent des questions intelligentes et essaient de faire du beau, ou face à des spectateurs qui veulent partager une œuvre. Ce sont des moments d’utopie réalisée qui peuvent faire du bien.

Qu’est-ce qui vous inspire ?
Mes lectures et le vide. Sinon les actrices et acteurs de la troupe Catalyse, justement. Dans leur manière de faire pleinement les choses et dans leur méthode de travail. Comme toute leur journée tend vers le spectacle du soir, comme ils se préparent et comme ils lâchent immédiatement après. Ce qu’ils s’autorisent aussi. Et puis dans Tous les poètes habitent Valparaiso, je joue quelques personnes réelles : les rencontrer fut certainement inspirant.

De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Cela dépend de la scène, j’imagine. D’abord un rapport de plaisir, je ne le revendique pas, je suis simplement bien forcé de le constater. J’ai aussi l’impression de souvent passer par l’extérieur. J’essaye de comprendre la structure dans laquelle je suis saisi et je ne me mets pas de balise intérieure, peut-être pour être mu par ce qui est vraiment là, être encore un peu spectateur. Et puis aussi tout le contraire.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Mes mains. Elles ont leur vie propre, si je les laisse faire elles jouent toutes seules.

Péplum médiéval de Valérian Guillaume mise en scène d'Olivier Martin-Salvan © Martin Argyrolglo
Péplum médiéval de Valérian Guillaume mise en scène d’Olivier Martin-Salvan © Martin Argyrolglo

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Beaucoup trop : Nathalie Béasse, Pierre Bidart, Marielle Pinsard, Jean-François Sivadier, Sylvain Creuzevault, Séverine Chavrier, le Zerep, Christoph Marthaler, Cledat et Petitpierre, Amélie Emon, Julien Gosselin, Chantal Morel, Marion Duval, Romain Fauroux, etc…

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Péplum Medieval est un projet assez fou déjà, mais je dirais que si Frank Castorf adapte Jérôme de Jean-Pierre Martinet avec Olivier Martin-Salvan, Denis Lavant et Catherine Hiegel, je veux bien être souffleur. Sinon, dire les douze livres du Paradis perdu de John Milton.

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Une œuvre inachevée, j’espère.


Tous les poètes habitent Valparaíso de Carine Corajoud
spectacle vu en juillet 2023 au Théâtre Transversal dans le cadre du Festival OFF d’Avignon
Théâtre de la Tempête
Cartoucherie – Route du Champs de Manœuvre
75012 Paris
Du 20 septembre au 20 octobre 2024
Durée 1h10

Mise en scène de Dorian Rossel
avec Aurélia Thierrée, Fabien Coquil, Karim Kadjar
Collaboration artistique de Delphine Lanza
Scénographie de Cie STT
Costumes de Fanny Buchs
Création sonore d’Anne Gillot
Technique de Matthieu Baumann

Péplum Médiéval de Valérian Guillaume, suite à une commande d’écriture d’Olivier Martin-Salvan
création en octobre 2023 à la MC2 de Grenoble
durée 1h35

Tournée
10 et 11 janvier 2025 au Quartz scène nationale, Brest
5 et 6 février 2025 à la Maison de la Culture de Bourges, scène nationale
5 et 6 mars 2025 au Théâtre de Caen
26 et 27 MARS 2025 à la Cité européenne du théâtre, Montpellier

Mise en scène d’Olivier Martin-Salvan assisté de Lorraine Kerlo-Aurégan 
Avec Romane Buunk, Tristan Cantin, Manon Carpentier, Victoria Chéné, Fabien Coquil, Guillaume Drouadaine, Maëlia Gentil, Lise Hamayon, Mathilde Hennegrave, Rémy Laquittant, Emilio Le Tareau, Olivier Martin-Salvan, Christelle Podeur, Jean-Claude Pouliquen, Sylvain Robic : interprétation
collaboration artistique – Alice Vannier
recherche dramaturgique – Mathilde Hennegrave
conseil dramaturgique – Baudouin Woehl
conseil littéraire – Mathias Sieffert
scénographie et costumes de Clédat & Petitpierre 
assistanat, réalisation des costumes – Anne Tesson et Jeanne-Laure Mulonnière
chorégraphie d’Ana Rita Teodoro 
composition musicale de Vivien Trelcat et Miguel Henry en collaboration avec Maxime Lance 
création lumière de Mael Iger assistée de Sébastien Vergnaud 
accompagnement éducatif de la Troupe Catalyse – Erwanna Prigent et Julien Ronel

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