Felix Maritaud © Guillaume Medar
Félix Maritaud© Guillaume Medar

Félix Maritaud, une incursion sur les planches du côté de Collioure

Invité par Razerka Ben Sadia-Lavant au petit festival de la côte vermeille, qui a lieu du 23 au 27 août, le comédien participe à la lecture théâtralisée de Jeanne d’Arc, roman biographique de Joseph Delteil, écrit en 1925 qui lui valut d’être exclu des surréalistes par André Breton. 

Félix Maritaud : C’est la première année que j’y vais. Si je ne sais pas encore trop à quoi m’attendre, l’invitation faite par Razerka Ben Sadia-Lavant, directrice artistique de la manifestation, et par Cham Lavant est porteuse de belles promesses et de passionnantes rencontres. Quand elles m’ont appelé pour participer à la lecture de Jeanne d’Arc de Joseph Delteil, elles ont évoqué trois points qui m’ont tout de suite attiré chamanisme, soleil et ambiance chaleureuse. Par ailleurs, elles m’ont aussi présenté la singularité de l’événement qui conjugue plusieurs aspects de la vie qui m’intéressent, les sciences, le théâtre et la musique. J’avoue que l’idée d’assembler en un même lieu des disciplines qui n’ont pas forcément grand-chose à voir m’intéresse beaucoup. Et puis on ne va pas se mentir, passer une semaine en bord de mer, dans une ville agréable avec des gens super sympas, n’a rien pour me déplaire. 

Woke de Virginie Despentes © Arnaud Bertereau
Woke de Virginie Despentes © Arnaud Bertereau

Félix Maritaud : J’ai participé en mars dernier au Théâtre du Nord à la création de Virginie Despentes, Woke. La pièce tourne un peu l’année prochaine et devrait, on l’espère, passé par Paris en 25. C’est ma première et unique expérience théâtrale. Cela a totalement changé la perception que j’avais de la scène. J’avais besoin de m’y confronter pour nourrir mon travail d’acteur. Jouer au cinéma demande un jeu très intérieur. On vient ficeler vers le bas des archétypes très précis, tandis qu’au théâtre on vient démêler des émotions et des intentions vers le haut. Il y a quelque chose de plus ouvert. C’est en tout cas comme cela que je ressens. J’aime beaucoup le cinéma, mais je crois qu’aujourd’hui, politiquement parlant, le théâtre est plus adapté à ma démarche et à mon énergie de création. 

Félix Maritaud : Je suis très sensible aux énergies des éléments. J’ai développé un lien assez fort avec chacun d’entre eux, et tout particulièrement avec le feu. Au-delà du paysage dressé par Razerka, du feeling ressenti et de mon souhait d’aller vers les autres, cela a renforcé mon désir de participer à cet événement dont c’est la quatrième édition. 

Inauguration de la deuxième édition du festival © Marine Grégoire
Inauguration de la deuxième édition du festival © Marine Grégoire

Félix Maritaud : C’est une biographie qui reprend les grandes lignes de la vie de Jeanne d’Arc, mais, pour une fois, à travers son regard à elle. Elle apparait non comme une sainte ou une héroïne mais comme un être humain qui a des émotions, des sentiments et des doutes. Malgré son destin tragique, celui d’une jeune femme qui va tout donner et à qui on va tout prendre, même la vie, c’est un texte assez léger, presque humoristique. C’est très agréable à lire.

Et ce que je trouve très beau dans l’adaptation de Razerka, c’est cette manière de faire de la réparation historique et de redonner à Jeanne d’Arc un visage loin de celui de l’égérie de néonazis et fascistes qu’elle est devenue par récupération politique. Elle fait une relecture féministe et un peu plus poétique du personnage, ce qui est, à mon sens, vraiment intéressant. On est au plus près de la femme, de ce qu’elle vit, de ses désirs, de ses envies et de ses incertitudes. 

Félix Maritaud : Je n’ai pas encore toutes les informations. Nous allons travailler dessus dans les jours à venir afin d’être prêts pour clôturer la programmation du petit festival. Nous sommes 18 artistes à participer à cette lecture. Aux dernière nouvelles je suis censé incarner Sœur Catherine, une religieuse un peu « babosse ». J’adore l’idée en tout cas. 

Félix Maritaud : Avant de jouer dans Woke, on m’avait déjà proposé de faire du théâtre, notamment une adaptation des Nuits fauves, mais faute de financement le projet est tombé à l’eau. En tout cas, c’est un endroit que j’aimerais explorer. Des envies, des désirs, j’en ai en tout cas en la matière. D’ailleurs, j’écris beaucoup, mais je ne sais pas encore quelle tournure vont prendre ces textes et comment je vais matérialiser tout cela. Je laisse toutes les portes ouvertes. J’aimerais bien un jour les porter aux plateaux sous la forme d’un seul-en-scène. Cela serait pour moi une manière de montrer qui je suis, de me présenter vraiment. Au cinéma, les personnages que l’on incarne sont chargés d’une image qui n’est pas la nôtre. Je m’aperçois que j’ai envie de choses plus authentiques.

Malheureusement, quand on est queer, on a beau donner tous les détails sur nous, les gens ne comprennent jamais vraiment qui on est. J’aimerais essayer, grâce au théâtre, de me montrer sous un angle qui reflète ce que je suis et qui je suis. Quand on est sur scène, on réalise de façon très immédiate l’impact que l’on a sur le public. L’énergie circule entre les planches et la salle. Ensemble, une histoire se construit qui peut modifier la perception des gens sur tel ou tel sujet. C’est très grisant car cela a un côté presque magique. Aujourd’hui, c’est une partie de métier que je souhaite explorer. 


Le petit festival de la côte vermeille
du 23 au 27 août 2024

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