Face au public, ils sont sept, certains sont comédiens, d’autres musiciens ou bruiteurs. Ils ont comme points communs, de se connaître depuis longtemps et d’avoir un talent de dingue. En attendant que tout le monde soit bien installé, ils échangent des regards complices avant de prendre la parole et d’expliquer le contexte. Il faut dire que le spectacle n’a rien d’ordinaire. Ce n’est pas en soi une pièce de théâtre, mais plutôt l’enregistrement d’une émission radio complétement déjantée.
Pure fiction
Il était une fois, dans un supermarché, un homme, auteur de BD, qui était sur le point de payer ses courses. Manque de pot pour lui, il a oublié la carte de fidélité dans son autre pantalon. Crime suprême de lèse-supermarché, il déclenche bien malgré lui une vague d’indignation et d’hostilité. Devenu paria d’une société dystopique ultralibérale, il n’a d’autre choix que de fuir pour éviter la garde à vue, la prison et surtout chanter à tue-tête, Mon fils, ma bataille de Balavoine. Commence alors un road-movie délirant, une chasse à l’homme surréaliste particulièrement jubilatoire.
En moins de temps qu’il en faut pour dire ouf, voilà nos sept artistes — la distribution tourne régulièrement —, tous micros ouverts, contant cette traque totalement délirante. La police joue les cowboys, les médias s’emballent et la société prompte à juger la moindre anicroche prend position de manière tranchée contre cet huluberlu, un artiste, forcément un crève-la-faim. Le débit est hyper rythmé. Le ton est volontairement décalé et un brin sarcastique.
Une adaptation déjantée
Avec une belle ingéniosité et une folie débridée, Paul Moulin à la mise en scène et Maïa Sandoz à l’adaptation donnent vie aux vignettes de Fabcaro. Avec presque rien, un poireau, des ustensiles de cuisine et d’autres objets insolites pour le bruitage, ils font de cette fable désenchantée à l’humour ravageur le portrait sans concession d’une société sous l’emprise d’un état d’urgence, où le sécuritaire prime sur l’humain jusqu’à l’absurde. Porté par une troupe d’artistes émérites et virtuoses, dont l’on voit volontairement tous les fils de leur art, Zaï zaï zaï zaï est une performance désopilante. Du pur bonheur !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Avignon
Zaï zaï zaï zaï d’après la bande dessinée de Fabcaro
Festival off Avignon
11.Avignon
11boulevard Raspail
84 000 Avignon
du 2 au 21 juillet 2024 à 19h05 – relâche les 8, 15 juillet2024
durée 1h15
Mise en scène de Paul Moulin
Adaptation de Maïa Sandoz
Avec Paul Moulin, Maïa Sandoz, Emmanuel Noblet, Ariane Bégoin, Aurélie Vérillon, Christophe Danvin, Jean-François Domingues, Elisa Bourreau, Maxime Coggio, Cyrille Labbé
Avec la voix de Serge Biavan
Régie générale David Ferré, Régie son Grégoire Leymarie, Régie lumière Jean-François Domingues et Laurent Beucher
