tout se pète la gueule, chérie de Frédérick Gravel. © Justine Bélanger
© Justine Bélanger

« Tout se pète la gueule, chérie » : Frédérick Gravel met la virilité toxique à l’amende 

Venu d’outre-Atlantique, l’artiste canadien revisite avec une autodérision savoureuse, quatorze ans après sa création, son portrait d’une masculinité qui s’accroche aux clichés du mâle alpha.

Aux Hivernales, à Avignon, Frédérick Gravel et ses trois interprètes jouent du biscoto et de la testostérone. Corps musclés, deltoïdes saillants, pectoraux dessinés et poutres apparentes, ils mettent toutes leur virilité en avant dans un show totalement déjanté. Tout commence par une adresse publique, qui annonce la couleur. « Tout se pète la gueule, rien ne se relève… » Mais attention aux apparences : ici, rien n’est littéral, tout se lit au second voire quinzième degré.  

Pack de canettes de bière à la main, en slip, en caleçon ou totalement nu, nos quatre performeurs revisitent avec un humour ravageur les standards américains de la masculinité. Rien ne leur échappe dans leur entreprise de dézingage, ni le chapeau de cowboy, ni les santiags. Et pourtant derrière cette exposition trash des attributs d’une virilité en berne se joue une autre mise en abyme, celle de la « beaufitude » dans tout ce qu’elle a de plus ringard, de plus kitsch. Ne lésinant pas sur la caricature, ni sur les exagérations, Frédérick Gravel transcende les codes d’une danse viriliste où la bagarre et la violence servent d’essence, pour offrir aux corps de ses danseurs, devenus objets, un bel éclairage sur leur vulnérabilité.

Drôle et puissante, tant dans la forme que dans le fond, l’œuvre créé en 2010, au titre improbable — Tout se pète la gueule, chérie — dénonce encore plus vivement les stéréotypes de genre et débarrasse, avec une ironie mordante, la « mâle attitude » de ses oripeaux toxiques et sexistes. Tout simplement génial !


Tout se pète la gueule, chérie de Frédérick Gravel
Festival off Avignon
les Hivernales
Rue Guillaume Puy
84000 Avignon
du 6 au 16 juillet 2024 à 21h – relâche le 11 juillet 2024
Durée 1h05

Directeur artistique – Frédérick Gravel
avec Stéphane Boucher, Dany Desjardins, Frédérick Gravel, David-Emmanuel Jauniaux

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