Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Mon premier souvenir, c’est La Manzogna de Pippo Delbono. J’étais à la fac. Ce qui m’a marqué, c’est la liberté des acteurs et actrices, la pluralité des corps, et surtout le fait que pour la première fois je me sentais sensible, touché à un endroit que même encore aujourd’hui je ne saurais décrire.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Je crois que la raison première pour laquelle j’ai voulu être comédien, c’était la fuite. J’ai grandi dans une famille éloignée de la culture, encore plus de l‘art vivant. C’est elle, ma famille, que je voulais fuir. Je crois aussi que je voulais fuir ma personne, mes racines, mes origines. En jouant dans des clubs, en amateur, je me rendais compte que je m’oubliais, c’était presque thérapeutique ! Puis un évènement personnel et marquant s’est produit, il ne me restait plus que ça : le théâtre.
Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
Avant d’intégrer des clubs, je lisais beaucoup, des romans de SF surtout, je voulais devenir ces personnages, je les trouvais chanceux de vivre des épopées, dans d’autres mondes, d’autres temps. C’est plus tard que j’ai compris un peu mieux ce qu’était le métier de comédien — j’ai encore des choses à apprendre, bien sûr — et quelle pouvait être sa fonction dans une société.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Le premier spectacle auquel j’ai participé s’intitulait Les Chevaliers de la table ronde, j’étais en quatrième, nous étions trente au plateau et tout au long de l’année scolaire on répétait le soir jusque tard. Je jouais Merlin, que je partageais avec deux autres camarades de classe ! Le souvenir que je garde de ce spectacle, c’est un stage, que nous avions pendant une semaine en Normandie, où ne faisions que ça : du théâtre, du plateau, des exercices, tout ça encadrés par deux acteurs professionnels.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Je ne pense vraiment pas avoir eu de coups de cœur. Du moins pas au théâtre. Au cinéma, il y a une actrice qui me touche à chaque fois, il s’agit Emma Stone. Je trouve qu’elle dégage une simplicité, une espèce d’évidence…
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Les plus belles rencontres que je fais arrivent en stage la plupart du temps. Parce que justement nous avons le temps. J’ai rencontré Florence Valéro, une autrice, lors d’un stage encadré par Tommy Milliot. J’ai eu l’occasion de la découvrir à travers ses textes, qui m’ont percuté en plein cœur. Mais de manière générale, toutes les rencontres que je fais sont importantes, elles m’apportent, en bon ou en moins bon.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Il l’est parce que je me sentirais incapable de faire autre chose. Dans le fond c’est faux, je n’en doute pas, mais même si je pense ne pas avoir envie de me lever le matin pour exercer ce métier, j’en ai quand même envie. À mes yeux, il a une importance émotionnelle, politique, éthique.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout ce qui est vivant m’inspire. De là on peut décliner plein de choses, mais je crois sincèrement que tout ce qui vit est source d’inspiration, y compris mon chien !
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Pendant longtemps j’en ai eu peur, je pensais que cette peur était le trac, tout ce qu’on imagine quand on débute. Puis un jour, Sylvain Creuzevault m’a dit « le plateau est ton pote, c’est un partenaire comme un autre… » l’effet a été immédiat : j’ai regardé, senti le plateau différemment. Depuis ce jour, je me sens moins apeuré et plus enjoué à délivrer ce que j’ai à délivrer.
À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Partout : les entrailles, le cerveau, le cœur, les jambes, les bras, le sexe, le cul, partout.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Ils et elles sont nombreux. Lilo Baur, Eric Ruf, Emma Stone, Mike White, David Tennant, Denis Podalydes… La liste peut-être plus longue encore !
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
J’adorerais travailler sur un projet de science-fiction au cinéma ! Surtout quelqu’un de méchant, de vicieux, d’ambigu.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Si c’est mon histoire, c’est En finir avec Eddy Bellegueule, s’il s’agit de qui je suis aujourd’hui, ce qui me touche, ou ce qui représente la flamme qu’il y a dans mon bide, c’est La Mort de Danton. Si c’est une peinture, ça serait Le Chien de Goya.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Herculine Barbin : Archéologie d’une révolution d’après Herculine Barbin dite Alexina B. publié et préfacé par Michel Foucault
Création janvier 2022 au TnBA – Reprise en 2023 au Théâtre 14
Festival OFF Avignon
Au Palace
38 Cour Jean Jaurès
84000 Avignon
Du 29 juin au 21 juillet 2024 à 17h30, relâche les 3, 10, 17 juillet 2024.
Durée 1h20
Adaptation de Catherine Marnas et Procuste Oblomov
Mise en scène de Catherine Marnas assistée de Lucas Chemel
Avec Yuming Hey & Mickaël Pelissier ( en alternance Nicolas Martel)
Avec la complicité de Vanasay Khamphommala et Arnaud Alessandrin
Conseil artistique- Procuste Oblomov
Scénographie de Carlos Calvo
Son de Madame Miniature
Lumière de Michel Theuil
Costumes de Kam Derbali
Lucrèce Borgia de Victor Hugo
Festival off Avignon
Théâtre des Lucioles
10, rue du rempart Saint Lazare
84 000 Avignon
29 juin au 21 juillet 2024 à 21H50 – relâches les 1, 8 et 15 juillet 2024
Durée 1h50
Mise en scène de Nicolas David
avec Angèle Chauveau, Jacques Faucon, Anne-Sophie Ott, Mickaël Pelissier, Joséphine Poussier-David, Dima Smirnov, Frédéric Top