"MEGASTRUCTURE" de Sarah Baltzinger et Isaiah Wilson © Sinah Osner
© Sinah Osner

« MEGASTRUCTURE » de Sarah Baltzinger et Isaiah Wilson : pas de deux pour ne faire qu’un

Dans le Off, le CDCN des Hivernales accueille le duo de chorégraphes luxembourgeois dans une variation singulière et maîtrisée sur la codépendance de deux corps.

Les programmations de danse du Off ne sont pas en reste pour ce qui est de la richesse des propositions, avec le petit supplément d’âme qui accompagne parfois l’effet de découverte parmi la pléthore de spectacles. Il est des pièces courtes nichées dans les théâtres de la cité qui ne demandent aux festivaliers que de bien vouloir entrer dans l’intimité de leur présentation, loin des grands spectacles du In : MEGASTRUCTURE, petite forme de trente minutes pour deux interprètes, telle qu’elle est livrée à l’Atelier de la Manutention dans le programme des Hivernales, en fait partie.

L’intimité n’est pas seulement le fait de cette présentation nue, toutes lumières allumées, dans un rapport étroit scène-public, sinon aussi du propos même. Le duo de chorégraphes luxembourgeois Sarah BaltzingerIsaiah Wilson sont un couple dans la vie, et MEGASTRUCTURE, derrière son titre mécanique, ne tourne en fait qu’autour de ça. Pas tant que les artistes racontent leur vie à deux mais plutôt que les corps, ici, deviennent l’instrument d’une variation sur leurs attractions et leurs codépendances.

Il faut voir comment ça bouge, comment les membres se désarticulent alors même que les muscles que se contractent, cette espèce de tenu-relâché sur ressorts que Sarah Baltzinger et Filippo Gualandris, qui a pourtant remplacé au pied levé le chorégraphe blessé, maîtrisent à la perfection. Une étrangeté, un inconfort les imprègne, comme s’ils étaient dépossédés d’eux-mêmes, mais en même temps un élan les habite, quelque chose qui ressemble au désir, moteur d’audaces chorégraphiques. Ce qui s’ensuit est une itération de la figure platonicienne de l’androgyne, cette être coupé en deux pris dans la quête impossible de sa réunification. Il n’y a pas de violence, mais une forme de cruauté ontologique qui le dispute à la cocasserie. La maîtrise technique est indéniable, l’imagination chorégraphique aussi. C’est l’expressivité sur les visages des deux interprètes qui scelle ensuite le pacte : MEGASTRUCTURE est une réussite sensible.


MEGASTRUCTURE de Sarah Baltzinger et Isaiah Wilson
Les Hivernales – CDCN d’Avignon L’Atelier (La Manutention)
Du 6 au 16 juillet 2024
Durée 30 min

Création et chorégraphie Sarah Baltzinger, Isaiah Wilson
Avec Sarah Baltzinger et Filippo Gualandris

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